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Appel pour une protection des droits des travailleurs dans le secteur des minéraux en Zambie

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8 avril, 2025Un travail de recherche a démontré qu'en l'absence d'une stricte adhérence aux normes internationales du travail et aux législations du travail nationales, l'envolée des minéraux essentiels à la transition que connaît la Zambie risque d'accroître les violations des droits des travailleurs et la dégradation de l’environnement.

Cette recherche, intitulée l'impact de l'investissement étranger direct sur les droits au travail et les droits syndicaux dans le secteur des minéraux stratégiques en Zambie, a été réalisée par Sekondi Consult.

Avec la découverte de riches gisements de minéraux stratégiques dans le Copperbelt et dans d'autres régions, les syndicats craignent qu'une ruée incontrôlée sur ces minéraux menace les acquis obtenus par la négociation collective et le dialogue social. Ces minéraux que sont le cuivre, le cobalt, le lithium, l'étain, le graphite, le coltan, le manganèse et des terres rares utilisées dans la fabrication de systèmes d'énergies renouvelables, de batteries pour automobiles et de dispositifs de stockage d'énergie attirent des investisseurs du Canada, de Chine, d'Inde, des Émirats arabes unis, des États-Unis et d'autres pays. Des investisseurs locaux et des entreprises d'État figurent aussi dans les rangs.

L'atelier qui s'est tenu du 25 au 28 mars à Kitwe avait pour but d'utiliser les conclusions de cette recherche pour renforcer les stratégies du Réseau de l'énergie de l'Afrique subsaharienne (SSAEN) pour la transition énergétique. Vingt participants venus du Syndicat des mineurs de Zambie, affilié à IndustriALL, et des représentants de l'extraction minière artisanale et à petite échelle (EMAPE) de la Province nord-occidentale ont participé aux discussions sur le rapport. D'autres participants venaient de la région de l'Afrique subsaharienne d'IndustriALL, de la FES Zambie et du Centre de compétence syndicale (FES TUCC) de la FES pour l'Afrique subsaharienne qui avait commandé cette recherche. L'atelier bénéficiait aussi d'un soutien de la Fédération unie des travailleurs danois 3F qui a un programme de Transition juste avec des affiliés d'IndustriALL.

D'après le rapport, 27.737 travailleurs sont employés par des sous-traitants dans des conditions précaires et les syndicats devraient faire campagne contre cette situation.

L'atelier a constaté que certaines multinationales foulent au pied les normes environnementales, sociales et de gouvernance au détriment des communautés et de l’environnement. Pour y remédier, les syndicats recommandent que l'Agence zambienne de gestion de l’environnement contrôle l'impact environnemental de l'activité minière et imposent des réglementations, notamment à l'EMAPE. Les chercheurs ajoutent que le gouvernement zambien met actuellement en place une structure ou un département de l'EMAPE.

Un exemple de l'insuffisance des normes environnementales est celui de la rupture, le 18 février, de la digue à rejets de la mine de cuivre de la multinationale chinoise Sino-Metals Leach Zambia à Chambishi. Les résidus miniers ont pollué et empoisonné l'eau potable avec 30.000 mètres cubes d'acide concentré et de métaux lourds. Les effluents toxiques se sont déversés dans la rivière Mwambashi, un affluent de la Kafue, la plus importante ressource hydrique du pays, qui alimente près de 12 millions d'habitants en eau potable, en poisson, en irrigation, et aussi la capitale, Lusaka, ainsi que la ville de Kitwe.

Les débats ont aussi porté sur le mémorandum d'accord pour le développement d'une chaîne de valeur intégrée des industries fabriquant des batteries pour véhicules électriques signé par la République démocratique du Congo (RDC), les États-Unis et la Zambie en 2022. Des participants ont indiqué que l'université de Lubumbashi, en RDC, fabrique déjà ce type de batteries.

Le rapport de recherche recommande que le secteur des minéraux stratégiques promeuve le travail décent : les droits fondamentaux au travail, la santé et la sécurité au travail, la création d'emplois, la protection de l'emploi, la protection sociale et de la maternité. S'agissant de l'égalité de genre, il faudrait que les législations du travail en vigueur soient modifiées pour permettre aux femmes d'être employées comme mineurs sur la base d'un système de quotas.

Thelma Nkowani, la vice-présidente de la Women in Extractive Industry, Trade and Value Addition Association de Zambie, a réfuté le stéréotype qui veut que l'extraction minière ne concerne que les hommes :

"Les femmes sont efficaces dans le secteur minier; elles travaillent au mieux de leurs capacités."

"Les minéraux stratégiques sont la base de l'énergie renouvelable et des industries des véhicules électriques et ils constituent la pierre angulaire de la décarbonation mondiale. L'activité minière doit garantir les droits des travailleurs et améliorer les conditions de travail,"

a déclaré la secrétaire régionale d'IndustriALL pour l'Afrique subsaharienne, Paule France Ndessomin.