16 avril, 2025Sachant qu’Anglo American restructure et cède des actifs majeurs, les syndicats revendiquent des garanties fermes : pas de recul sur les droits des travailleurs. Alors que les scissions sont en cours, les syndicats d’Australie, du Botswana, de Namibie, d’Afrique du Sud et du Zimbabwe ont rencontré l’entreprise à Johannesburg afin de l’inciter à maintenir son implication en faveur du dialogue, d’une Transition juste et d’une protection dans le cadre de l’accord mondial existant.
IndustriALL et Anglo American ont signé un protocole d’accord pour coopérer sur les relations sociales, le changement climatique, Industrie 4.0 et l’avenir du travail. À travers ce protocole d’accord, Anglo American s’est engagé à garantir “le droit des travailleurs et travailleuses à l’adhésion à un syndicat et à la négociation collective sans crainte de représailles, de répression ou de toute autre forme de discrimination.”
Le réseau mondial d’Anglo American se réunit chaque année avec le soutien de la multinationale et d’IndustriALL. L’ordre du jour du réseau comprend la promotion du dialogue social, de normes d’exploitation minière responsable et d’audits indépendants, ainsi que le traitement conjoint des questions environnementales, sociales et de gouvernance. En outre, le protocole d’accord met l’accent sur la protection des intérêts des travailleurs et travailleuses pendant la transition énergétique et la décarbonisation, sur une planification de la transition juste, sur l’amélioration des relations hommes-femmes en vue de lutter contre la violence et le harcèlement basés sur le genre (VHBG) ainsi que sur l’amélioration de la santé et de la sécurité au travail. Des salaires vitaux et sociaux sont prioritaires. Les plans d’exploitation minière durable d’Anglo American et l’exploitation minière intelligente, y compris la numérisation et l’automatisation, ont également été abordés. La réunion a également été l’occasion de discuter des questions d’actualité concernant le protocole d’accord.
Le dialogue lors de la réunion de cette année s’est centré sur les scissions d’Anglo American. Les syndicats voulaient s’assurer de la poursuite du protocole d’accord dans un contexte de restructuration et de scission de plusieurs unités commerciales, seules les activités d’extraction de cuivre et de minerai de fer étant conservées en tant que cœur de métier. Par exemple, Anglo American Platinum (Amplats), l’un des principaux producteurs mondiaux de métaux du groupe du platine avec des mines en Afrique du Sud et au Zimbabwe, est en cours de scission. À l’issue de cette opération, prévue pour le mois de juin, Amplats sera rebaptisée Valterra Platinum Limited et sera cotée aux bourses de Londres et de Johannesburg. Anglo American conservera une participation de 19,9 % après la scission, mais a l’intention de se retirer à terme de cette société. Les participants à la réunion ont appris qu’il existe un bon potentiel pour le platine à la suite du retour en grâce des convertisseurs catalytiques face à un marché des véhicules électriques qui ralentit.
La société De Beers, qui exploite des mines de diamants au Botswana, en Namibie et en Afrique du Sud, fait également l’objet d’une restructuration et doit faire face à la forte concurrence des diamants produits en laboratoire. Anglo American vend également ses actifs dans le domaine du charbon sidérurgique (en Australie) à Peabody Energy et a déjà vendu d’autres actifs dans le domaine de l’extraction du nickel.
Les préoccupations du syndicat concernant les activités actuelles portent notamment sur les effets des métaux sur l’allaitement des mères, l’absence d’installations de blanchisserie sur les sites d’activité au Botswana ainsi que la mauvaise communication avec les directeurs de mines, qui suscite la méfiance. D’autres problèmes ont été soulevés, tels que des consultations inadéquates avant des avis de licenciement. En outre, le nombre de travailleurs et de travailleuses sous contrat court employés par des sous-traitants sur ces sites est supérieur à celui des travailleurs permanents, soit un rapport de 60 % pour 40 %, ce qui, insistent les syndicats, devrait être inversé.
Davidzo Muchawaya, Responsable régionale de l’IRMA pour l’Afrique, a souligné que les syndicats devaient utiliser l’audit de l’IRMA comme outil de lutte pour les droits des travailleurs. Elle a cité un audit récent réalisé au complexe minier Mogalakwena d’Anglo American à Limpopo, en Afrique du Sud, où 53 travailleurs et travailleuses ont été interrogés. Selon le rapport d’audit, la mine a reçu la certification IRMA 50, ce qui signifie qu’elle a satisfait à 40 exigences critiques ainsi qu’à 50 ou 75 % des exigences relatives à l’intégrité de l’entreprise, à la planification de la transmission d’un patrimoine durable aux générations futures, à la responsabilité sociale et à la responsabilité environnementale. “Les sujets abordés comprenaient les conditions d’emploi et de travail, avec une attention particulière sur le traitement des femmes et des groupes vulnérables, la liberté syndicale, la santé et la sécurité, etc.”
En ce qui concerne l’égalité des genres, la diversité et l’inclusion, les syndicats ont déclaré que les stéréotypes sexistes continuaient d’entraver la promotion des femmes et qu’il fallait mettre un terme à des promotions basées sur des faveurs sexuelles. En réponse, la direction d’Anglo American a assuré à l’assemblée que tous les cas de violence à l’égard des femmes faisaient l’objet d’une enquête et que des mesures étaient prises à l’encontre des auteurs, y compris des licenciements.
“L’avenir du protocole d’accord est essentiel, en particulier avec les scissions, mais il doit s’articuler autour d’un plan de Transition juste qui comprend des discussions sur les emplois futurs, les stratégies d’implication des parties prenantes, la responsabilité sociale et les voies de la décarbonisation,”
a déclaré Glen Mpufane, Directeur de la section des mines d’IndustriALL.