28 juin, 2018Le géant français de la cosmétique Yves Rocher n'a toujours rien fait pour remédier à une violation grave commise par la direction de son usine de Turquie. Les 124 travailleurs qui ont été licenciés parce qu'ils s'étaient syndiqués maintiennent leur piquet de grève devant l'usine pour récupérer leurs emplois.
Les pressions se multiplient sur Yves Rocher pour qu'il intervienne et ordonne à sa filiale Kosan Kozmetik de réintégrer les travailleurs licenciés à Gebze. Pourtant, la seule réaction publique de l'entreprise a été un tweet maladroit que son département de la communication publie régulièrement pour essayer de faire croire que, cette filiale produisant sous la marque turque Flormar, elle n'a aucun lien avec Yves Rocher.
IndustriALL y réagit régulièrement en réclamant un dialogue plus responsable qu'un simple tweet.
Plutôt que de dialoguer avec le syndicat, la direction de l'usine a installé du fil de fer barbelé sur le mur d'enceinte pour empêcher les travailleurs licenciés d'y pénétrer.
L'un d'eux, Barış Tekin, souffre d'une insuffisance rénale grave qui n'a pas empêché la filiale d'Yves Rocher de le licencier. Barış a commencé à travailler à l'usine en 2006; il a toujours été très consciencieux, même après un diagnostic de cancer en 2010. Il s'est affilié à Petrol-Is en même temps que la majorité du personnel d'Yves Rocher, dégoûté par des bas salaires bloqués depuis longtemps. En réponse, son employeur l'a licencié.
Maintenant, les actions de soutien aux travailleurs se multiplient. Les affiliés d'IndustriALL du monde entier, et de France surtout, envoient des messages de solidarité. Laurent Berger, le secrétaire général du premier syndicat de France, la CFDT, a condamné les pratiques antisyndicales d'Yves Rocher dans le discours qu'il a prononcé au congrès de son syndicat, qui se tenait plus tôt dans le mois à Rennes, à quelques kilomètres du siège social du groupe.
La communauté et les syndicats se mobilisent pour soutenir les travailleurs d'Yves Rocher licenciés. Tous les jours, des actions et des manifestations ont lieu devant l'usine et les magasins Flormar pour réclamer leur réintégration. Le slogan des travailleurs est
Non à Flormar; la résistance vous rend belle !
Tous les travailleurs et toutes les travailleuses qui ont conservé leur emploi et qui ont exprimé leur soutien à leurs collègues licenciés ont été mis en congé d'office.
Un média français a couvert la campagne pour la réintégration des syndicalistes licenciés. IndustriALL a sollicité officiellement l'intervention du ministre français du Travail auprès d'Yves Rocher au titre de la loi n° 2017-399 du 27 mars 2017 relative au devoir de vigilance des sociétés mères et des entreprises donneuses d'ordre.
Depuis, la grande organisation internationale de campagne SumOfUs a repris le cas d'Yves Rocher en priorité. Des milliers de sympathisants signent chaque jour la pétition en ligne de SumOfUs demandant à Yves Rocher de cesser ses manœuvres antisyndicales en Turquie.
Soutenez les travailleurs et adhérez à la campagne !
Le secrétaire général adjoint d'IndustriALL Kemal Özkan a déclaré :
Nous allons intensifier cette campagne jusqu'à ce qu'Yves Rocher fasse ce qu'il faut et réintègre nos camarades. L'étape suivante consistera en des actions devant les bureaux d'Yves Rocher à Paris. Yves Rocher doit se conformer à ses propres engagements éthiques dans ce cas particulier. Tout simplement réintégrer les 124 travailleurs licenciés, reconnaître leur droit de s'affilier à Petrol-Is et négocier une convention collective.