9 avril, 2015Une grève d’une semaine, dans une usine à capitaux taïwanais située à Ho Chi Min Ville, au Vietnam, qui fournit entre autres Nike et Adidas, vient de prendre fin après que le gouvernement a accepté de suspendre des changements prévus au niveau de la couverture sociale.
90.000 travailleurs et travailleuses étaient partis en grève après que le gouvernement vietnamien a suggéré des modifications de la couverture sociale prévues pour l’an prochain. Celles-ci prévoyaient que les salariés perdraient la possibilité d’obtenir une prime unique versée immédiatement lorsqu’ils quittent un emploi pour quelque raison que ce soit. En lieu et place, ils auraient une allocation mensuelle au moment de la retraite.
L’âge de la retraite au Vietnam est de 55 ans pour les femmes et 60 pour les hommes.
En fonction du nouveau projet de loi, les travailleurs et travailleuses devraient accumuler 20 ans de cotisations au régime de sécurité sociale pour avoir droit à une pension arrivés à l’âge de la retraite. Si 20 années ne sont pas comptabilisées, ils auraient toujours la prime, mais uniquement après avoir atteint l’âge de la retraite.
La plupart des travailleurs et travailleuses des entreprises de la confection ou de l’électronique ont de longs temps de travail, allant jusqu’à 50 ou 60 heures par semaine. Selon la propre estimation des travailleurs, ils n’auraient pas la possibilité d’accumuler plus de 20 ans de cotisations, car ils retournent dans leurs villages dès lors qu’ils ont acquis suffisamment d’argent pour y mener leur vie. Il existe également une méfiance par rapport à la capacité du Fond de Sécurité Sociale à effectuer les versements à l’avenir.
La perspective de perdre la prime unique, qui permet aussi aux travailleurs de subsister entre deux emplois, a déclenché les manifestations. Cette grève pacifique a vu les travailleurs et travailleuses manifester au sein de l’usine et défiler sur la voie publique.
Au bout d’une semaine de mouvement, le vice-ministre du travail, Doan Mau Diep a suggéré à l’Assemblée nationale de revoir la proposition de loi et de prévoir une solution où les travailleurs auraient le choix entre obtenir une compensation immédiate en quittant l’emploi ou se maintenir dans le système et avoir des allocations au moment de la retraite.
Jyrki Raina, secrétaire général d’IndustriALL, a indiqué que bien que cette grève semble avoir trouvé une issue, elle avait montré le besoin d’un dialogue social renforcé qui permette de trouver des solutions à long terme en vue de construire un système d’assurance sociale viable au Vietnam.
Des arrêts de travail de cette envergure envoient un signal fort au gouvernement, aux employeurs et aux syndicats. Les travailleurs et travailleuses ont un profond désir de vies meilleures et entendent être traités de manière juste. Comme souhaité par les syndicats vietnamiens, IndustriALL va poursuivre ses ateliers de formation afin de leur permettre d’étendre leur capacité à défendre les intérêts des travailleurs et à négocier des conventions collectives solides.