8 mai, 2020Une fuite de gaz toxique chez LG Polymers India, filiale de la multinationale sud-coréenne LG Chem, a fait douze morts, dont deux enfants, et des centaines de personnes ont dû être hospitalisées.
Une série d'accidents a débuté le 7 mai aux petites heures du matin avec cette fuite de gaz à l'usine LG Polymers de Vishakhapatnam, dans l'État d'Andhra Pradesh.
Parmi les autres incidents survenus le même jour, l'explosion d'une chaudière dans l'unité 6 de la centrale électrique de Neyveli, qui a fait huit blessés. Sept travailleurs ont nécessité des soins après avoir inhalé du gaz nocif à l'usine de papier Shakti, dans le village de Tetla, près de Raigarh, tandis qu'un incendie s'est déclaré dans une usine de conditionnement pharmaceutique de la zone de Satpur, près de la ville de Nashik, apparemment sans faire de victimes.
La fuite de styrène chez LG Polymers s'est produite vers 2h30 du matin, alors que des employés préparaient la réouverture de l'usine après le confinement national de 40 jours causé par le Covid-19. Le gaz s'est très vite répandu dans l'atmosphère dans un rayon d'environ cinq kilomètres, formant une brume épaisse qui diminuait la visibilité.
Le styrène, un monomère, se présente habituellement à l'état liquide et est stable sous une température de 20 degrés centigrades. D'après les premières informations reçues, une défaillance de l'unité de réfrigération a provoqué une élévation de la température au-delà du seuil de sécurité, ce qui a eu pour effet de vaporiser le produit chimique qui s'est dispersé dans l'atmosphère. D'autres informations reçues de l'organisation Down to Earth indiquent qu'un manque d'entretien, un système de détection des composés organiques volatils hors service et la négligence de la direction peuvent être à l'origine de l'accident.
La fuite a touché au moins cinq villages autour de l'usine, près de Vishakhapatnam. Alors que les gens tentaient de s'enfuir avec leurs véhicules, beaucoup ont perdu connaissance en rue. Des animaux d'élevage sont morts en grand nombre. En ce moment, 305 personnes sont encore hospitalisées et 128, guéries, ont pu rentrer chez elles. Aucune ne serait dans un état critique. Le gouvernement a annoncé qu'il prendra en charge tous les frais de traitement des personnes intoxiquées.
Des équipes de premiers secours de la Force nationale de réaction aux catastrophes et de l'Institut national de recherche en génie environnemental sont venues en aide à l'administration locale pour évacuer les victimes. Selon le Centre international de recherche sur le cancer de l'OMS, le styrène est potentiellement cancérigène et extrêmement toxique. Des risques neurologiques et pour l'appareil reproducteur existent en cas d'exposition.
Le Directeur d'IndustriALL en charge de l'industrie des produits chimiques, Tom Grinter, explique :
“La viabilité écologique de LG Polymers est à revoir. Tous ceux qui ont été exposés au styrène devraient subir un contrôle médical et être traités gratuitement tout de suite. LG Chem doit assumer la responsabilité non seulement des problèmes de santé actuels des victimes, mais aussi des complications qui pourraient survenir plus tard. Elle devrait faire preuve de transparence et faire toute la lumière sur les substances chimiques utilisées sur le site et sur les mesures qu'elle compte prendre pour améliorer la sécurité.”
La police a reçu des plaintes au pénal contre la direction de LG Polymers. Le gouvernement de l'État d'Andhra Pradesh a constitué une commission pour enquêter sur l'accident. Il a annoncé des indemnisations de 10 millions de roupies (132.799 $) par famille de victime décédée, un million de roupies (13.380 $) pour chaque patient sous assistance respiratoire, et 25.000 roupies (332 $) pour les patients en traitement ambulatoire. En outre, chacun des quelque 15.000 habitants des villages touchés par la fuite de gaz recevra 10.000 roupies (133 $). Le gouvernement a également annoncé des indemnisations pour les pertes de bétail.
LG Chem a publié des excuses par écrit et déclaré que l'entreprise va mobiliser tous ses moyens technologiques pour éviter de nouveaux problèmes, enquêter sur l'accident et partager l'information. Des riverains réclament la fermeture définitive de l'entreprise.
La Secrétaire régionale d'IndustriALL pour l'Asie du Sud, Apoorva Kaiwar, a déclaré :
“Cette série d'accidents survenus le même jour met en lumière les carences des règles de sécurité et soulève de graves questions sur l'impact du confinement prolongé du Covid-19 pour les établissements industriels. Le gouvernement indien devrait activer son système d'inspection et lancer des alertes dans tout le pays pour que des précautions soient prises et éviter que de tels accidents se reproduisent lorsque les usines seront remises en activité.”