11 août, 2017La mission envoyée par IndustriALL Global Union en Indonésie pour montrer sa solidarité avec les travailleurs licenciés pour avoir fait grève chez PT Freeport et PT Smelting, a révélé une crise des droits humains, ces travailleurs n'ayant plus accès à la nourriture, au logement, à l'enseignement et aux soins de santé de base.
Plus de 4.200 travailleurs de PT Freeport, du groupe américain Freeport-McMoRan, qui exploite la gigantesque mine d'or et de cuivre de Grasberg, en Papouasie occidentale, ont été renvoyés pour fait de grève, et 300 autres, de PT Smelting à Gresik, ont été renvoyés pour le même motif en janvier.
Cette mission qui a duré du 8 au 11 août, était composée de hauts responsables d'affiliés d'IndustriALL d'Australie (AWU et CFMEU), des Pays-Bas (FNV), d'Amérique du Nord (USW) et d'Afrique du Sud (NUM).
Elle a rencontré des dirigeants des syndicats indonésiens CEMWU SPSI, FPE SBSI et FSPMI, du ministère de la Main-d'œuvre et du ministère des Ressources minérales et énergétiques, ainsi que la direction de PT Freeport, et aussi de Rio Tinto qui a une participation dans la mine. PT Smelting, détenue en majorité par le japonais Mitsubishi et dont PT Freeport détient 25%, a refusé toute entrevue.
Les membres de la mission ont entendu des témoignages graves sur le traitement des travailleurs de PT Freeport, dont la direction dit qu'ils ont "démissionné volontairement" :
"La mission a été informée qu'après avoir licencié les travailleurs, l'entreprise les a fait expulser de force de ses logements, leur refuse l'accès à ses hôpitaux et ses écoles, et s'est entendue avec les banques locales pour qu'elles leur refusent tout crédit. Nous avons été bouleversés d'apprendre que plusieurs travailleurs et membres de leurs familles étaient décédés par manque de soins médicaux qu'on leur avait refusés. Beaucoup de travailleurs qui ont perdu leur logement vivent maintenant sous tente ou dans les locaux du syndicat", écrit la mission d'IndustriALL dans une déclaration du 11 août.
"PT Freeport et PT Smelting ont traité de manière inhumaine et avec mépris les travailleurs qu'elles ont licenciés. PT Smelting a refusé de verser les salaires et les prestations des travailleurs malgré une note du ministère de la Main-d'œuvre de la province lui demandant de le faire, tandis que leur syndicat conteste les licenciements devant les tribunaux. Elle a aussi refusé à plusieurs reprises de rencontrer le syndicat des travailleurs, FSPMI, pour trouver une solution négociée au conflit. Le FSPMI indique que, lors des audiences du tribunal, les travailleurs licenciés sont traités plus mal que des terroristes, gardés par des policiers armés et équipés de bombes lacrymogènes. Il s'agit là de violations flagrantes des droits des travailleurs de s'organiser, de négocier collectivement et de faire grève inscrits dans les conventions de l'OIT", poursuit cette déclaration.
Lors d'entrevues avec des représentants des ministères de la Main-d'œuvre et des Ressources minérales et énergétiques, le 9 août, les membres de la mission leur ont demandé de redoubler d'efforts pour obtenir un règlement des conflits chez PT Freeport et PT Smelting.
Ils ont aussi exhorté les deux entreprises à réintégrer sur-le-champ tous les travailleurs qu'elles ont licenciés, puis à négocier des solutions équitables sur les questions qui ont poussé les travailleurs à se mettre en grève au départ.
Le Secrétaire général d'IndustriALL, Valter Sanches, a déclaré :
"Il ne s'agit pas de simples conflits du travail, il ne s'agit pas simplement de violations du droit de grève, c'est une crise des droits de l'homme. PT Smelting n'a pas versé aux grévistes les salaires et les prestations auxquels ils ont droit depuis six mois et les familles souffrent. PT Freeport veut frapper durement les grévistes, leurs familles et leurs communautés pour briser la grève. Cela ne peut continuer. Nous exhortons les deux entreprises à réintégrer leurs travailleurs et à entamer d'urgence des négociations avant que la situation se dégrade davantage. Entretemps, IndustriALL va étudier avec ses affiliés du monde entier les possibilités d'intensifier son soutien et d'accroître les pressions sur les deux entreprises."