23 janvier, 2020Un an après le pire désastre environnemental, humain et social qu'ait connu le Brésil avec 272 victimes, 11 corps n'ont toujours pas été retrouvés. Leurs proches ont entamé une marche de six jours pour condamner l'inaction.
Crédit photo : Coletivo de Comunicação do MAB
Le 25 janvier est le jour anniversaire de la rupture du bassin de retenue des résidus géré par la compagnie minière Vale, qui a déversé plus de 10 millions de mètres cubes de déchets toxiques sur Brumadinho, dans l'État de Minas Gerais.
Le 20 janvier, le Mouvement des personnes affectées par des effondrements de barrages (MAB) a entamé une marche de 300 kilomètres s'achèvera le 25 janvier.
Près de 350 marcheurs sont partis de Belo Horizonte et, à leur arrivée à la cour de justice de Minas Gerais, ils ont déposé des documents prouvant que celle-ci n'a pas tenu sa promesse de rendre justice aux victimes des délits miniers commis dans cet État.
IndustriALL Global Union se joindra à cette marche à la date anniversaire et participera à d'autres manifestations organisées par le MAB à la mine de Córrego do Feijão, dans le centre de Brumadinho, pour rendre hommage aux victimes et réclamer justice.
"IndustriALL est solidaire de la société civile, de la communauté et des organisations religieuses, des fédérations syndicales et des syndicats nationaux de mineurs du monde entier. Et nous menons activement campagne pour obtenir justice et des indemnisations,"
a déclaré Valter Sanches, le Secrétaire général d'IndustriALL.
Avec la catastrophe de Brumadinho, c'était la deuxième fois que Vale provoquait une tragédie de grande ampleur au Brésil. La première s'est produite à Mariana, également dans l'État de Minas Gerais, lorsqu'un barrage a cédé dans une mine exploitée par Samarco, une société détenue par Vale et BHP, avec des conséquences catastrophiques. 19 personnes ont perdu la vie lorsqu'un torrent de boues toxiques s'est déversé sur 663 kilomètres, jusqu'à la mer.
Au début du mois, le ministère public brésilien a inculpé pour homicides l'ancien directeur général de Vale, dix fonctionnaires et cinq agents du TÜV SÜD, l'organisme de contrôle chargé de l'inspection du barrage.
"Nous félicitons le ministère public brésilien qui a entendu les appels des communautés affectées, des syndicats et de la société civile," a déclaré Glen Mpufane, le Directeur d'IndustriALL en charge des mines.
"C'est un message envoyé à l'industrie lui disant qu'elle ne peut plus agir comme si de rien n'était et que, maintenant, il va falloir indemniser. La justice compte beaucoup, mais elle ne donnera pas à manger à ceux dont les existences ont été détruites."
En 2018, IndustriALL et l'Internationale des travailleurs du bâtiment et du bois (IBB) ont déposé plainte contre BHP et VALE SA au titre des Principes directeurs de l'OCDE à l'intention des entreprises multinationales. Elle portait sur les facteurs qui ont contribué à la rupture des parois des bassins de retenue.
Deux ans plus tard, le Point de contact national (PCN) brésilien a publié une déclaration officielle refusant de rendre des conclusions spécifiques. IndustriALL et l'IBB ont exprimé leur déception et dit que le PCN avait failli à son rôle fondamental de médiateur entre les syndicats et les entreprises.
"Le fait que le PCN n'ait pas répondu à notre demande rapidement et de manière satisfaisante explique que Vale n'ait pas réellement changé sa façon de procéder. Des changements auraient épargné les victimes de Brumadinho," a déclaré Valter Sanches, qui a ajouté :
"Vale et BHP n'ont toujours pas expliqué avec précision pourquoi les barrages ont cédé. Hélas, la décision du PCN n'impute pas la responsabilité à Vale et ne donne aucune garantie quant à ce que Vale fera à l'avenir."