10 avril, 2014Sous la pression de la communauté internationale, deux des sept travailleurs emprisonnés ont été relâchés. Trois, dont la seule femme concernée, Roza Tuletaeva, ont vu leurs conditions de détentions allégées. Ils ont été transférés dans une colonie pénitencière. Cependant, deux personnes, Shabdan Utkilov et Kanat Zhusipbaev restent à ce jour en prison.
Le 10 décembre 2013, la campagne “Libérez les travailleurs du pétrole emprisonnés au Kazakhstan” a été lancée et a attiré une forte attention auprès de la communauté internationale. La campagne a bénéficié du soutien de la Confédération des Syndicats libres du Kazakhstan (KSPK), de l’aide d’IndustriALL Global Union, de LabourStart, le réseau international de solidarité syndicale en ligne, de la Confédération du Travail de Russie (KTR), de l’Union internationale des travailleurs de l’alimentation, de l’agriculture, de l’hôtellerie-restauration, du tabac et des branches connexes (UITA) et l’Association des Droits de l’Homme en Asie centrale, ainsi que des syndicats indépendants d’Ukraine, de Biélorussie et de Géorgie.
En mai 2011, des milliers de travailleurs de l’entreprise pétrolière KazMunaiGaz (anciennement Kazakhoil) sont partis en grève. En raison de l’apathie des autorités, qui s’apparentait à soutenir l’escalade dans l’attitude agressive de l’entreprise pétrolière, le conflit de travail a débouché sur des heurts sanglants à Zhanaozen. Leurs conséquences furent terribles : 17 personnes ont été tuées et plus de 100 blessées. Les procédures judiciaires qui ont suivi, orchestrées par les autorités kazakhes en mars 2012 ont abouti à condamner 37 personnes à différentes mesures d’emprisonnement et autres mesures punitives.
Certains changements positifs ont été notés depuis lors, cependant, la situation générale en rapport avec les droits syndicaux a empiré au Kazakhstan.
En 2013, un nouveau syndicat national des travailleurs du secteur pétrolier de la République du Kazakhstan a été créé. C’était une bonne idée en soi, car depuis de nombreuses années, les travailleurs du secteur pétrolier étaient divisés et, au mieux, rassemblaient leurs forces uniquement au niveau des entreprises individuelles. Mais dans ce cas particulier, le mouvement syndical international a été choqué par le fait que le président de ce syndicat nouvellement créé soit Sultan Kaliev, ancien directeur adjoint de l’entreprise KazMunaiGaz.
IndustriALL Global Union est préoccupée par une situation dans laquelle le plus haut responsable du syndicat du secteur soit de facto la partie adverse des travailleurs lors du conflit de 2011 à Zhanaozen. Ce fait a déjà été souvent évoqué lorsque qu’il est question du contrôle du nouveau syndicat par l’entreprise KazMunaiGaz et le gouvernement du Kazakhstan.
L’arrivée de Kaliev en capacité de président a coïncidé avec la présentation au Parlement d’un projet de loi “sur les syndicats” et l’adoption en première lecture d’un nouveau projet de Code Pénal, limitant sérieusement les activités des syndicats qui protégeraient réellement les droits des travailleurs. Le projet de loi “sur les syndicats”, en cas d’adoption, signifierait un renforcement d’un syndicalisme vertical qui, en l’absence de procédures démocratiques va conduire à la démotivation de la base. De plus, la nouvelle législation offre aussi des possibilités pour la fragmentation du mouvement syndical et la création de syndicats limités à une seule usine.