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16 septembre, 2021Le Syndicat des mineurs du Ghana (GMWU), affilié à IndustriALL Global Union, explique qu'une de ses stratégies pour organiser le secteur de l'extraction minière artisanale et à petite échelle (EMAPE) consiste en une démarche visant à formaliser et promouvoir un agenda pour le travail décent dans ce secteur.
Le syndicat a exposé sa stratégie lors d'un atelier du projet "Crossing the Divide" de la Fondation Friedrich Ebert et IndustriALL, qui s'est tenu les 2 et 3 septembre à Accra. Ce projet, issu de la Recommandation 204 de l'Organisation internationale du travail sur la transition de l'économie informelle vers l'économie formelle, préconise l'utilisation par les syndicats de l'innovation dans ses rapports avec les mineurs.
Cet atelier devait réunir des parties prenantes de premier plan - organisations syndicales, chercheurs, organisations de la société civile, gouvernements, associations EMAPE, autorités traditionnelles, communautés, etc. - pour trouver des moyens d'améliorer le secteur. Pour le GMWU, cela peut se faire en utilisant les piliers du travail décent que sont le plein emploi productif, les droits au travail, la protection sociale et la promotion du dialogue social et des normes internationales du travail. Ensuite, l'accent a été mis sur la santé et la sécurité.
Cet atelier hybride comptait 20 participants en salle plus d'autres qui participaient en ligne. Ils s'agissait de représentants du ministère des Terres et des Ressources naturelles, de l'Association nationale ghanéenne des petits mineurs artisanaux, et du groupe de réflexion Third World Network Africa du monde des affaires. D'autres étaient issus du GMWU et des bureaux du Ghana et d'Afrique du Sud de la FES.
Le secrétaire général du GMWU, Abdul-Moomin Ggbana, a déclaré :
"Les appels à la formalisation de l'extraction minière artisanale et à petite échelle sont conformes à la mission des mineurs ghanéens. Nous voulons que les mineurs participent au dialogue social, jouissent de leurs droits au travail et que leurs exploitations soient enregistrées. Cela aura pour effet de promouvoir le travail décent, ce qui sera bénéfique pour l'EMAPE."
"Le Ghana est un des acteurs importants qui nous offrent un modèle de reconnaissance, de formalisation et d'organisation de l'EMAPE qui associe les droits des femmes. Notre réunion de Johannesburg, en 2019, a été suivie de recommandations visant à inscrire le programme dans une perspective d'avenir par le biais de l'apprentissage et de la mise en commun de stratégies et de tactiques. C'est là un des objectifs de cet atelier,"
a ajouté Shane Choshane, gestionnaire de projet au Centre pour la compétence syndicale de la FES.
Il a ajouté que, tandis que l'Afrique du Sud envisage actuellement de formaliser l'EMAPE, le Ghana est un pas plus loin et a déjà des lois relatives à l'enregistrement et à l'octroi de licences dans le secteur.
Glen Mpufane, le directeur d'IndustriALL en charge des mines, a déclaré :
"Il est important de créer un cadre de travail décent et d'imposer un devoir de diligence dans l'EMAPE. La santé et la sécurité au travail sont importantes pour le secteur. Dans un secteur informel, les travailleurs sont exposés à des conditions de travail dangereuses, comme des éboulements ou des substances chimiques nocives telles que le mercure. Il y a aussi l'abattage manuel qui fait courir aux mineurs le risque de blessures ou d'accidents mortels lorsqu'ils travaillent sans protection."
L'inégalité hommes-femmes et la violence fondée sur le sexe sont d'autres sujets de préoccupation discutés pendant l'atelier et la situation au Ghana a été exposée par l'experte du travail et du genre Bashiratu Kamal.
"Comme dans la plupart des activités minières, les femmes de l'EMAPE font les tâches les moins importantes, gagnent le moins d'argent et sont confrontées à la violence fondée sur le sexe et au harcèlement sexuel. C'est la conséquence de l'inégalité de genre, très répandue dans les exploitations minières et aggravée par l'informalité. C'est là que s'impose l'intervention des organisations syndicales pour une diligence responsable en matière de genre,"
a dit Armelle Seby, la coordinatrice Programmes et Genre d'IndustriALL.
Suivant certaines informations, il y a au Ghana un million de mineurs dans le secteur de l'extraction artisanale et à petite échelle de l'or, et ils produisent près de 35 pour cent de l'or extrait dans le pays. Ils constituent quelque 60 pour cent de la population active du Ghana. Ils subviendraient aux besoins de familles qui représentent au total 4,5 millions de personnes.
L'atelier sur le Ghana était le premier d'une série de réunions qui se tiendront en République démocratique du Congo et en Zambie pour discuter des moyens d'améliorer l'activité minière et les conditions de travail dans le secteur de l'EMAPE.