19 janvier, 2016Un nouveau rapport de la Confédération syndicale internationale (CSI) a mis au jour une main-d’œuvre cachée de 116 millions de personnes travaillant dans les chaînes mondiales d'approvisionnement d'à peine 50 entreprises.
Cette nouvelle enquête de la CSI révèle que 50 entreprises multinationales, dont Samsung, McDonalds et Nestlé, n'emploient directement que six pour cent de ceux qui travaillent pour elles, les 94 % restants étant dissimulés dans leurs chaînes d'approvisionnement.
Ce rapport, intitulé Scandal: Inside the global supply chains of 50 top companies (Scandale – Immersion dans les chaînes mondiales d’approvisionnement de 50 des plus grandes entreprises), publié la veille du Forum économique mondial de Davos, dévoile un modèle économique insoutenable, présent dans pratiquement tous les pays de la planète, et dresse le profil de 25 sociétés basées en Asie, en Europe et aux États-Unis.
Le rapport de la CSI montre que :
- Avec des liquidités totalisant 387 milliards $, 25 entreprises pourraient augmenter de plus de 5.000 $ sur un an les salaires des 71,3 millions de personnes qui composent leur main-d’œuvre cachée.
- Aux États-Unis, les avoirs cumulés de 24 sociétés, dont Amazon, Walmart et la Walt Disney Company, leur permettraient d’acheter le Canada.
- En Asie, les chiffres d'affaires cumulés de neuf entreprises, dont Foxconn, Samsung et Woolworths, soit 705 milliards $, sont équivalents à la valeur des Émirats arabes unis.
- En Europe, 17 sociétés, dont Siemens, Deutsche Post et G4S, totalisent 789 milliards $ de recettes, l’équivalent de la valeur de la Malaisie.
"Le modèle en place fait que les entreprises ne peuvent pas connaître ou ne veulent pas déclarer leurs chaînes d'approvisionnement et leur main-d’œuvre occulte. Elles brassent des bénéfices gagnés sur les bas salaires, font pression contre les salaires minima ou des législations qui devraient assurer un travail sûr et garanti et ferment les yeux sur le recours au travail informel, voire à l'esclavage chez ceux qui travaillent pour elles", déclare la Secrétaire générale de la CSI, Sharan Burrow, dans le rapport.
Ce rapport démonte aussi les mécanismes mis en place par les entreprises pour se soustraire à l'impôt. Le dernier rapport annuel d'Apple révèle qu'aux États-Unis, cette firme a ainsi évité de payer près de 57 milliards $ en impôt fédéral sur ses réserves offshore.
Pour le Secrétaire général d'IndustriALL Global Union, Jyrki Raina :
Les entreprises multinationales engrangent des profits énormes alors que des millions de travailleurs sous-payés souffrent dans leurs chaînes d'approvisionnement. À cela s'ajoutent les procédés complexes utilisés par ces entreprises pour éviter de payer des impôts, ce qui creuse encore les inégalités et sape la société. Il faut que les multinationales fassent montre de transparence s'agissant de leurs fournisseurs et garantissent des salaires de survie, les droits syndicaux et des lieux de travail sûrs tout au long de leurs chaînes mondiales d'approvisionnement."