26 août, 2024Le 19 août, le président du Congrès du travail nigérian (NLC), Joe Ajaero, a reçu un courrier de la police le convoquant pour le lendemain pour répondre d'accusations de conspiration criminelle, de financement du terrorisme, de trahison et félonie, de subversion et de cybercriminalité.
Son texte l'avertissait ainsi : "Sachez que si vous ne donnez pas suite à cette lettre, ce service n'aura d'autre possibilité que de délivrer un mandat d'arrêt."
Les avocats du NLC ont répondu que la police doit expliquer "les détails et la nature des allégations" et que Joe Ajaero se rendra à la convocation le 29 août.
Les chefs d'accusation contre Joe Ajaero viennent de sa participation, en tant que syndicaliste, à une action nationale de masse contre la crise du coût de la vie étiquetée sur les réseaux sociaux #EndBadGovernanceInNigeria.
Or, la réponse musclée du gouvernement a entraîné la mort de 13 manifestants et l'incarcération de plusieurs autres. Les travailleurs nigérians étaient descendus dans la rue en raison de leurs difficultés financières croissantes causées par une inflation de plus de 34 pour cent, le sous-emploi, les bas salaires et un taux de pauvreté élevé. Leur situation s'est encore aggravée avec les hausses de prix causées par la suppression des subventions sur le pétrole. Pour soulager le sort des travailleurs, les syndicats réclament notamment des politiques économiques qui favorisent le développement économique, l'industrialisation et la création d'emplois décents.
Les syndicats voient dans la lettre de la police un acte de harcèlement ininterrompu de la direction du NLC et d'autres leaders syndicaux. "Nous y voyons une tentative réfléchie pour affaiblir et déstabiliser le mouvement syndical, qui a toujours été un bastion des valeurs démocratiques et la voix des masses nigérianes," a écrit le NLC dans un communiqué.
"IndustriALL exhorte le gouvernement fédéral du Nigéria et la police à cesser leurs actions de répression et d'intimidation envers les syndicats et les organisations de la société civile. Le gouvernement doit plutôt entamer un authentique dialogue social avec les syndicats et prendre les mesures nécessaires pour stopper cette injustice,"
a déclaré Atle Høie, le secrétaire général d'IndustriALL.
Joe Ajaero est aussi secrétaire général du Syndicat national du personnel de l'électricité, affilié à IndustriALL Global Union. Les autres affiliés d'IndustriALL au Nigéria représentent les travailleurs de la chimie, l'énergie, l'ingénierie, le pétrole et le gaz, la construction navale et la démolition de navires, le textile et l'habillement, ainsi que d'autres secteurs.