Une transition juste doit offrir un avenir auquel les travailleurs, leurs familles, les communautés et les cultures dont ils font partie, peuvent croire, en lequel ils peuvent espérer, qu’ils peuvent soutenir et qu’ils s’engagent à réaliser. Nous devons nous battre pour un avenir meilleur.
Le secteur privé a un rôle à jouer dans l’établissement d’une transition juste vers un avenir durable. Les principes des politiques industrielles durables et d’une transition juste devraient être intégrés dans les conventions collectives, en particulier celles des grandes multinationales. Agir de manière responsable est une bonne affaire à long terme.
Cependant, lorsqu’il est question de politiques industrielles durables et de transition juste, il est surtout question de politiques publiques fondées sur l’intérêt public. IndustriALL s’oppose à une vision purement privée d’une transition juste; l’économie de casino a largement contribué aux problèmes actuels et ne fournit aucune réponse à ces questions. Nous n’achèterons pas notre chemin vers la durabilité.
En tout temps, les politiques publiques doivent garantir les principes et droits fondamentaux au travail tels que définis par la déclaration de l’OIT de 1998. Les droits des membres d’un syndicat doivent être protégés et les syndicats doivent exiger une stabilité institutionnelle – la protection du syndicat en tant qu’institution – pendant la période de transition.
Nos exigences sont tout à fait raisonnables, techniquement possibles et abordables.
La transition vers une économie plus propre et plus durable doit être économiquement et socialement juste et équitable pour les travailleurs et leurs collectivités. Les technologies de pointe, l’énergie durable ou les industries plus vertes doivent profiter à tous, pas seulement à une poignée de milliardaires. Au moment où Oxfam rapporte que 26 individus contrôlent autant de richesses que la moitié de la population de la Terre, il ne fait aucun doute qu’un meilleur partage des coûts et bénéfices du changement est nécessaire.
La lutte pour une transition juste appuie et est soutenue par des revendications syndicales de longue date en faveur de solides programmes de protection sociale (soins de santé, sécurité du revenu, services sociaux, éducation).
Lorsqu’ils exigent des politiques industrielles durables et des programmes de transition juste, les dirigeants politiques doivent se rappeler que, d’une certaine manière, ils s’y sont déjà engagés en principe.
Il s’agit d’une exigence clé de l’Accord de Paris sur le changement climatique adopté à la COP21 en 2015. Cet engagement fait l’objet de la Déclaration de la Silésie sur la solidarité et la transition juste adoptée à la COP24 en 2018. Il est défini dans les Principes directeurs de l’OIT pour une transition juste vers des économies et des sociétés écologiquement viables pour tous. L’organisation Principes pour l’investissement responsable explique en quoi consiste l’investissement dans les programmes de transition juste dans son document Changement climatique et transition juste : Guide pour orienter l’action des investisseurs. Cet engagement se reflète dans les objectifs de développement durable des Nations Unies. Les syndicats doivent eux aussi faire face aux changements qui les attendent. L’Industrie 4.0 fait l’objet de discussions, mais qu’en est-il du Syndicat 4.0? Que doivent faire les syndicats pour rester crédibles et pertinents aux yeux des membres actuels et futurs? Les syndicats ne conserveront ni crédibilité ni pertinence en refusant de coopérer entre eux ou en tentant de défendre l’indéfendable.
La durabilité, en particulier sa dimension sociale, est fondamentalement une lutte syndicale. Personne d’autre n’a le mandat ou la capacité de parler au nom des travailleurs, de leurs familles et des collectivités qui en dépendent. Les décisions prises maintenant définiront l’avenir.
La transition vers une économie plus propre et plus durable doit être économiquement et socialement juste et équitable pour les travailleurs et leurs collectivités.
IndustriALL Global Union
Manifestation sur le changement climatique a Bruxelles.
SHUTTERSTOCK, Alexandros Michailidis
Le changement climatique Le changement climatique est une menace sérieuse pour le bien-être de tous et sa cause principale est l’activité humaine. Les preuves sont irréfutables. Les scientifiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat ont lancé un avertissement sévère: le monde dispose d’un délai d’environ 12 ans pour agir si nous voulons maintenir le réchauffement planétaire moyen à moins de 1,5 °C au-dessus des niveaux préindustriels et éviter une catastrophe environnementale.
Cet objectif ambitieux est abordable et technologiquement réalisable. Ce qui manque, c’est la volonté politique d’agir et un plan de transition juste pour maintenir une cohésion sociale à travers les transformations nécessaires.
COP 24 in Katowice, Poland word cloud
L'Accord de Paris et la Transition Juste En 2015, la vingt et unième Conférence des Parties (COP21) à la Commission-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), tenue à Paris (France), a adopté un ensemble de principes pour faire face à la crise du changement climatique. Grâce aux interventions réussies des syndicalistes, l’Accord de Paris exige une transition juste.
L’Accord de Paris s’appuie sur le principe que les pays doivent élaborer leurs propres engagements en matière de réduction des gaz à effet de serre, mais qu’ils doivent ensuite suivre leurs progrès et produire des rapports vérifiables. La CCNUCC fera périodiquement le point sur l’ensemble des progrès accomplis et sur la base d’avis scientifiques, conseillera aux États membres de relever le niveau d’ambition de leurs engagements.
La phrase importante, qui apparaît dans le préambule de l’Accord de Paris, stipule que les contributions déterminées au niveau national doivent « tenir compte des impératifs d’une transition juste pour la population active et la création d’emplois décents et de qualité ».
Cette exigence a été considérablement renforcée lors de la COP24 de 2018, à Katowice, en Pologne. La COP24 avait pour but de finaliser le règlement pour permettre la mise en œuvre de l’Accord de Paris. Une déclaration sur la transition juste a été adoptée, ce qui fut une importante réalisation pour le mouvement syndical.
Cette déclaration témoigne d’un engagement clair de la part des États membres des Nations Unies à assurer une transition juste. Il appartiendra au mouvement syndical mondial et aux autres organisations de la société civile de veiller à ce que les gouvernements tiennent leurs promesses. Une transformation profonde de l’économie s’annonce et, comme l’a dit Tony Maher, président général de la Division des mines et de l’énergie du Syndicat de la construction, de la foresterie, des mines et de l’énergie (CFMEU) d’Australie, « nous pouvons le faire avec justice ou sans justice », tout simplement. C’est à nous de choisir.
Industrie 4.0 IndustriALL Global Union utilise le terme « Industrie 4.0 » pour décrire un ensemble de technologies et de structures de travail perturbatrices qui transforment rapidement le monde du travail. Il s’agit notamment de la numérisation avancée, de l’intelligence artificielle, des machines interconnectées semi-autonomes, de la robotique avancée, de l’impression 3D, de la nanotechnologie, de la biotechnologie avancée et du travail de plateforme. Ce ne sont pas les technologies elles-mêmes qui posent problème; c’est la logique qui sous-tend leur introduction, dont l’objectif actuellement vise à diminuer les coûts et les normes du travail.
Si nous pouvons guider la mise en œuvre de ces nouvelles technologies, nous pouvons également créer des emplois de qualité, réduire le temps de travail et assurer une meilleure santé et sécurité au travail. Les principales stratégies que préconise IndustriALL pour l’Industrie 4.0 sont les suivantes:
l’exigence d’une pleine participation des travailleurs aux discussions mondiales, régionales, nationales et à l’échelle des entreprises sur l’Industrie 4.0 la protection des droits de la personne et des droits des travailleurs, en particulier des droits à l’information, à la formation et à l’éducation, et à la vie privée une transition juste pour les travailleurs, leurs familles et les collectivités qui en dépendent, par le biais des transformations Que nous prenions des mesures contre les changements climatiques ou d’autres crises environnementales, ou que nous adoptions ou non les changements technologiques, ces changements se produiront. Une transition aura lieu. Devant ce fait, nous avons le choix de nous ruer avec violence vers des emplois ou des ressources comme l’eau, l’énergie et les terres fertiles – des mesures désespérées de survie de dernière minute qui négligent complètement les droits de la personne et la protection sociale –, ou de planifier une transition ordonnée et juste qui respecte et protège les travailleurs actuels tout en créant de nouveaux emplois décents au sein d’industries durables.
Une transition juste ouvre la voie à un avenir durable dans toutes ses dimensions sociales, économiques et environnementales. Pour que la transition soit vraiment juste, elle doit tendre vers un avenir optimiste – un avenir que les travailleurs, leurs familles et les collectivités qui en dépendent peuvent soutenir et s’engager à réaliser.
" Pour réaliser une transition juste vers un avenir dans lequel l’environnement est protégé et l’économie est prospère, les travailleurs ont besoin de politiques industrielles durables, assorties de protections sociales fortes et d’un soutien à leur égard, le tout étant guidé par le dialogue social." IndustriALL Global Union