25 octobre, 2019Safe Demo Plastik, filiale turque de l'équipementier automobile français Groupe Safe, mène une vaste stratégie de lutte antisyndicale contre des membres de l'affilié turc d'IndustriALL Global Union, Petrol-İş, à Bursa, au cœur de l'industrie automobile du pays.
À la mi juin, Petrol-İş, le syndicat du pétrole, de la chimie et du caoutchouc, représentait la majorité des quelque 400 travailleurs de Safe Demo Plastik, suivant les chiffres officiels du ministère du Travail.
Sans aucun motif, la direction locale de l'entreprise a contesté devant les tribunaux la reconnaissance du syndicat par le ministère, prétendant que Petrol-İş ne dispose pas d'une majorité suffisante pour être agent de négociation. C'est là une tactique fréquemment utilisée par les employeurs turcs pour bloquer la négociation collective.
Depuis, Safe Demo Plastik a licencié six membres de Petrol-İş pour des raisons infondées. Pour Petrol-İş et IndustriALL, il est indubitable que leur affiliation syndicale était la cause, tous étant des membres très actifs ayant un grand rôle dans la campagne de recrutement.
IndustriALL a contacté la direction locale ainsi que le siège social de l'entreprise pour trouver une solution pacifique. Notre affilié français FCE-CFDT a aussi mené une action de solidarité avec les membres de Petrol-İş.
Petrol-İş et Safe Demo Plastik se sont rencontrés à plusieurs reprises pour tenter de mettre en place des relations de travail et un dialogue social constructifs. IndustriALL a assisté à ces entretiens. D'après ce qui semblait sortir de ce processus, la direction locale devait abandonner la procédure judiciaire intentée pour contester la reconnaissance du syndicat et, en même temps, entamer la procédure devant aboutir à une convention collective.
Or, par la suite, la direction est revenue sur ses engagements et a refusé le dialogue avec Petrol-İş. IndustriALL a alors contacté les principaux clients de Safe Demo Plastik, leur demandant de se conformer à leur devoir de diligence et faire en sorte que leur fournisseur respecte les droits syndicaux et reconnaisse Petrol-İş.
Safe Demo Plastik continue pourtant de menacer les adhérents de Petrol-İş en les convoquant un par un pour faire pression afin qu'ils quittent le syndicat, son but final étant de s'en débarrasser.
Il y a peu, les membres du syndicat ont manifesté sur leur lieu de travail pour obtenir la reconnaissance de leurs droits. Ils veulent que Safe Demo Plastik abandonne la procédure judiciaire et entame une négociation collective, que les syndicalistes licenciés soient réintégrés et qu'il soit mis fin au harcèlement des travailleurs pour qu'ils quittent le syndicat.
Entretemps, le directeur local de Safe Demo Plastik a été condamné à six mois de prison par le tribunal de première instance de Bursa pour avoir violé l'article 118 du code pénal turc qui interdit d'"empêcher l'exercice des droits syndicaux". Le jugement indique que Safe Demo Plastik a violé les droits fondamentaux des travailleurs.
"Il est scandaleux que cette entreprise française viole les droits fondamentaux des travailleurs dans sa filiale en Turquie," a déclaré Kemal Özkan, Secrétaire général adjoint d'IndustriALL.
"Avec son affilié Petrol-İş, IndustriALL a tout fait de bonne foi pour trouver une solution pacifique par un dialogue constructif. Puisque l'entreprise ne semble pas vouloir faire de même, nous continuerons à nous battre jusqu'à ce que nous obtenions justice."
Le groupe français Safe est un fournisseur de 2e rang de l'industrie automobile qui fabrique des pièces détachées et éléments de sécurité pour des fournisseurs de 1er rang tels que Faurecia. Il a deux sites de production en France ainsi que des implantations en Tchéquie, en Turquie, au Brésil, aux États-Unis et au Mexique.