21 mai, 2018Les travailleurs de l'atelier ferroviaire de l'aciérie Kryvyi Rih d'ArcelorMittal ont entamé une action collective pour protester contre la dangerosité de leurs conditions de travail et leurs bas salaires.
Le 16 mai, ils ont arrêté le travail en signe de soutien avec le personnel d'Ukrzaliznytsia, la société publique des chemins de fer d'Ukraine, en grève depuis le 14 mai pour réclamer des conditions de travail sûres.
L'essentiel du matériel roulant d'Ukrzaliznytsia date des années 1960 et est usé à 90 pour cent. Une enquête menée par le bureau de la santé et la sécurité du gouvernement a relevé 83 violations, certaines locomotives n'ayant pas de freins en état de fonctionnement.
Les travailleurs d'Ukrzaliznytsia demandent une remise en état de tout le matériel roulant pour répondre aux normes techniques, une augmentation des salaires aux niveaux européens, un régime de retraite anticipée et la démission du conseil d'administration d'Ukrzaliznytsia.
Les travailleurs de l'atelier ferroviaire d'ArcelorMittal ont adressé à la direction de l'entreprise une déclaration officielle disant qu'ils refusent de travailler sur du matériel défaillant qui met leur vie en danger. Ils ont entamé une grève du zèle qui paralyse le transport par rail et bloque la production.
Des travailleurs qui étaient en congé le 16 mai ont bloqué pendant plusieurs heures les passages pour piétons du site de l'entreprise. En plus d'une amélioration de la sécurité, ils réclament une hausse des salaires des 400 euros actuels à 1.000 euros par mois.
C'était aussi une revendication centrale de tous les salariés qui ont participé au conflit collectif du travail déclenché par notre affilié, le Syndicat des travailleurs des industries de la métallurgie et de la mine d'Ukraine (PMGU), fin mars. La direction d'ArcelorMittal avait essayé de saboter une assemblée des travailleurs destinée à discuter de leurs revendications en annonçant un changement de lieu de réunion. L'assemblée s'est finalement tenue, mais la direction a intenté un recours en justice contestant sa légitimité.
Elle a également porté plainte à la police en accusant les travailleurs de mener une grève illégale. Toutefois, la police n'a pas donné suite, les travailleurs agissant dans le respect de la loi. La législation ukrainienne sur la santé et la sécurité au travail permet à des travailleurs de refuser de travailler en cas de risque élevé pour leur vie.
La direction a constitué une commission spéciale avec la participation d'un représentant du PMGU pour évaluer l'état du matériel roulant.
Natalia Marinyuk, la Présidente du comité syndicat du PMGU chez ArcelorMittal Kryvyi Rih, déclare :
"Le PMGU a souligné à plusieurs reprises que les retards apportés à la négociation et aux procédures de conciliation en général engendrent une situation critique et poussent les travailleurs au désespoir."
Le 14 mai, le PMGU a envoyé au P-DG d'ArcelorMittal Kryvyi Rih une lettre répétant sa demande pour l'ouverture d'un dialogue social constructif avec l'organe de représentation des travailleurs afin de prévenir des mouvements de protestation spontanés qui entraîneraient des arrêts de travail.
Pour le Secrétaire régional d'IndustriALL Vadim Borisov :
"IndustriALL Global Union exhorte l'employeur à cesser de retarder les travaux de la commission de conciliation et à s'asseoir à la table de négociation. Rester sourd aux revendications des travailleurs et à leurs intérêts entraîne toujours des actions de protestation. Les gens ne peuvent plus tolérer le mépris de leurs problèmes. Par conséquent, la responsabilité incombe totalement à la direction de l'entreprise."