30 janvier, 2014L’Assemblée nationale tunisienne a approuvé les derniers articles de la Nouvelle Constitution qui érige en principes sacrés la liberté d’association, le droit de grève, l’égalité des genres et la protection des femmes contre la violence.
Cet important acquis arrive trois ans après le soulèvement contre l’autocrate Zine El Abidine Ben Ali, qui a inspiré la vague de révoltes dans le monde arabe. L’UGTT, le plus important syndicat du pays, et ses centrales affiliées dont celles qui sont membres d’IndustriALL, y ont joué un rôle crucial.
Largement applaudie pour sa modernité, la Nouvelle Constitution a été retardée par un quasi blocage politique lorsque différents partis se sont opposés sur le rôle de l’Islam au sein du plus séculaire des pays arabes. Elle a finalement été adoptée à une majorité écrasante par l’Assemblée Nationale Constituante avec 200 voix sur un total de 216. Le Secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon a qualifié cet accord de « jalon historique » en ajoutant « l'exemple de la Tunisie peut constituer un modèle pour d’autres peuples avides de réformes. »
Les importants principes contenus dans la Constitution comprennent un accent mis sur un état et une démocratie civils, la liberté de confession et l’indépendance des trois piliers de pouvoir, l'Exécutif, le Législatif et les Media. D’importance cruciale pour le mouvement syndical, la constitution établit dorénavant en principes sacrés le droit à la liberté d’association, le droit pour les syndicats de recruter des membres et le droit de grève.
Tahar Berberi, membre de l’Exécutif et du Comité des Finances d’IndustriALL Global Union et Secrétaire général de la FGME-UGTT, a déclaré :
Dimanche, trois ans après le déclenchement de la révolution, l’Assemblée Constituante de Tunisie a adopté la nouvelle constitution de la deuxième république. Dans le même temps, un nouveau gouvernement a été formé avec pour tâche principale de préparer les élections de cette année, qui seront supervisées par la Commission Electorale Indépendante fraîchement élue. Il ne nous reste plus qu’à fixer les dates des élections. Ces trois pistes constituaient les piliers de la Feuille de Route de l’UGTT en tant que plate-forme où les partis politiques peuvent se rencontrer pour parvenir à la transition démocratique.
Le Secrétaire général d’IndustriALL, Jyrki Raina, félicitant au passage les trois affiliés de Tunisie a déclaré :
Le rôle de l’UGTT et de ses centrales, vous y compris, n’a pas seulement été d’une importance cruciale dans l’obtention de cette constitution, vous avez été un brillant exemple de la façon dont le mouvement syndical peut pousser vers la démocratie et aider à changer la société.
La nouvelle constitution de Tunisie pourrait également représenter un changement de poids pour les femmes, après l’adoption de la clause qui garanti l’égalité des genres au sein des assemblées législatives ainsi que les mesures à prendre pour protéger les femmes de la violence, une première dans le monde arabe. De par la loi, les hommes et les femmes sont égaux en Tunisie depuis les années 1950, lorsque que le Président Habib Bourguiba avait fait adopter la Législation sur le Statut Personnel de 1956. Cependant, si elles sont mises en pratique, des clauses comme l’Article 45, qui impose au gouvernement de créer la parité pour les femmes dans toutes les assemblées législatives du pays sont destinées à entrer dans l’histoire.