14 septembre, 2015Quatre travailleurs ont perdu la vie et seize autres ont été blessés dans l'effondrement du toit d'un atelier de confection, le 5 septembre à Lahore, au Pakistan. Cet atelier était installé dans un bâtiment construit sommairement et produisait pour Primark, TOPMAN, Burton, New Look et River Island.
La firme Jeans Company Private Limited, créée en 2010, produit des blue jeans, des chemises et des casquettes pour ces marques de renom. Elle occupe 1.150 personnes, mais la plupart des travailleuses et travailleurs avaient quitté leur poste pour la prière du vendredi de ce 5 septembre. Seuls 40 étaient encore présents lorsque le toit s'est effondré, sinon le bilan humain aurait été beaucoup plus lourd.
Pour le Secrétaire général d'IndustriALL Global Union, Jyrki Raina :
Les usines de vêtements présentent toujours un danger au Pakistan et au Bangladesh parce que les améliorations de la sécurité sont beaucoup trop lentes. Les grandes marques n'en font pas assez; combien de cadavres faudra-t-il encore pour qu'elles assument leurs responsabilités et offrent des conditions de travail sûres à tous les travailleurs qui leur permettent de faire des milliards de dollars de bénéfices ?
Le toit de l'usine était en mauvais état, fait d'un assemblage de bambous et de boue. Récemment, la direction y avait entreposé des bidons remplis de produits chimiques, ce qui pourrait être la cause de l'effondrement. Six personnes, dont le directeur, ont été arrêtées après l'accident.
Nos affiliés pakistanais condamnent cet accident et ils ont exprimé leurs préoccupations devant les problèmes de santé et de sécurité que connaît l'industrie du vêtement. Niaz Khan, Secrétaire général du syndicat Ittehad Labour Union for Carpet Industries, a demandé au gouvernement de réactiver les services d'inspection des usines et d'assurer la sécurité des travailleuses et des travailleurs. Sous les pressions venant de toutes parts, le Ministre-en-chef du Pendjab a annoncé des indemnités de 500.000 roupies (4.800 $) pour les travailleurs décédés et 100.000 roupies pour les blessés.
En outre, les syndicats pakistanais vont veiller à ce que les familles des travailleurs décédés reçoivent 400.000 roupies des compagnies d'assurance. Nadeem Parwaz, de la Pakistan Textile, Garments and Leather Workers' Federation, a déclaré que son syndicat se met en relation avec les familles et les proches des victimes pour qu'ils puissent bénéficier d'une aide.
Cet accident soulève des questions à propos de la politique de sécurité industrielle du pays, parce que beaucoup d'usines opèrent dans des bâtiments mal conçus et en mauvais état et menacent gravement la vie des travailleurs.
Le troisième anniversaire de la plus grande catastrophe industrielle qu'ait connu le secteur de l'habillement au Pakistan, chez Ali Enterprises, le 11 septembre, a été l'occasion de rappeler haut et fort au détaillant allemand Kik qu'il n'a toujours pas indemnisé les victimes tuées en confectionnant des vêtements pour la marque KiK.