12 avril, 2019Afin d’organiser les travailleurs, une équipe syndicale formée de dix personnes a parcouru, le 4 avril, sur des pistes sinueuses et caillouteuses, et le long d’une rivière, plus de 190 km, de Maseru à la mine de Storm Mountain Diamond, située dans le village de Kao, dans le district de Butha-Buthe, au Lesotho.
Le terrain accidenté n’a pas découragé l’affilié à IndustriALL Global Union, le syndicat démocratique indépendant du Lesotho (IDUL), dont le nombre de membres s’accroît malgré tous les obstacles rencontrés. IDUL avait commencé à organiser les travailleurs employés dans les mines de diamants de la même manière l’année dernière. Le syndicat a pour but d’organiser plus de 50 pour cent des 659 travailleurs employés à Storm Mountain pour pouvoir négocier une convention collective avec la compagnie.
Les Monts Maluti sont à l’origine de l’émergence du Lesotho en tant qu’un des nouveaux pays producteurs de diamants d’importance en Afrique, et hébergent les compagnies mondiales d’extraction minière de diamants. La compagnie Firestone Diamants basée au Royaume-Uni, qui détient la mine Liqhobong Diamond au Lesotho, emploie plus de 550 personnes et a récemment extrait une pierre de 72 carat complètement « façonnable », ce qui permettra de tailler un gros diamant.
Néanmoins, le syndicat se heurte à une forte résistance de la part de la direction de la mine de Liqhjobong, qui lui interdit de rencontrer ses membres. Bien que le Code du travail du pays permette aux syndicats de pouvoir se rendre dans les mines pour organiser, le droit sur l’exploitation minière et les ressources minérales renferme des dispositions autorisant des « exemptions ». Les syndicats se battent pour leur suppression.
Le Secrétaire général d’IDUL, Dan Theko, a déclaré:
« Nous ne nous laisserons pas intimidés par l’intransigeance de la direction et nous continuerons à revendiquer une législation du travail juste. Nous ne céderons pas face aux pratiques antisyndicales et condamnons le refus des employeurs de traiter les formulaires d’adhésion qui ont été signés. Nous avons également le droit de rencontrer et d’organiser les travailleurs. Il est illégal que les employeurs nous privent de ce droit ».
L’équipe comprenait le directeur d’IndustriALL chargé du secteur de l’extraction minière et de la production de diamants, de pierres précieuses, d’ornements et de bijoux (DGOJP), Glen Mpufane, ainsi que l’administrateur de programme pour la région d’Afrique subsaharienne d’IndustriALL, Charles Kumbi. Le Lesotho fait partie du projet de renforcement des syndicats d’IndustriALL.
Dans le cadre de la résolution visant à appuyer les opérations d’organisation d’IDUL, adoptée à Johannesburg en 2018, à la réunion du réseau mondial Diamants d’IndustriALL (IGDN), trois affiliés sud-africains ont envoyé leurs organisateurs et formateurs. Lucky Mabiletsa, membre du Syndicat national des mineurs, Joseph Mosia, membre du Syndicat national des métallurgistes d’Afrique du Sud, et Thabo Mpete, membre de l’Association unie d’Afrique australe, ont présenté à 20 délégués syndicaux différentes méthodes de résolution des conflits et de négociation collective, et aidé à comprendre la législation du travail et à accroître les compétences en matière de santé et de sécurité, au cours d’un atelier de deux jours. Outre la formation, les affiliées soutiennent l’initiative d’IDUL visant à établir un bureau à Kao. Ils inviteront le syndicat à se rendre à leurs écoles internationales et contribueront à l’acquisition d’un véhicule tout-terrain.
Glen Mpufane, directeur d’IndustriALL chargé du secteur des mines, s’est félicité de cette solidarité:
« La solidarité régionale est cruciale et montre la force du pouvoir collectif des syndicats. C’est aussi un gage d’assurance pour les mineurs de diamant du Lesotho de voir qu’ils ne sont pas engagés dans un combat isolé mais qu’ils font partie d’une force de travail mondiale qui se bat pour les droits des travailleurs et de meilleures conditions de travail à travers le réseau mondial des diamants ».