6 avril, 2023Les syndicats et les organisations de la société civile appellent à un dialogue national sur des réformes démocratiques en Eswatini, dernière monarchie absolue d’Afrique, dans un contexte de répression par la police et la sécurité de l’État.
En soutien aux syndicats et aux organisations de la société civile, la CSI appelle à une Journée mondiale d’action pour l’Eswatini le 12 avril.
Les syndicats affirment qu’il ne semble pas y avoir de volonté politique de la part du gouvernement d’Eswatini d’entamer un dialogue. Au lieu de cela, les syndicats affirment que leurs dirigeants et ceux des organisations de la société civile vivent dans la peur depuis l’assassinat de Thulani Maseko, avocat et éminent militant des droits de l’homme, abattu le 21 janvier par des “mercenaires”.
Maseko était le président du Forum multipartite qui, avec l’Assemblée des partis politiques et d’autres organisations, appelle à des réformes démocratiques par le biais d’un dialogue facilité par la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC).
Des centaines de manifestants sont morts des suites de blessures subies lors de charges brutales menées par les services de sécurité de l’État, tandis que d’autres ont été hospitalisés ou contraints à l’exil. Certains ont été emprisonnés, dont deux parlementaires.
Le roi Mswati III, souverain absolu de l’Eswatini, qui, en tant que chef de l’État, dispose de tous les pouvoirs exécutifs pour nommer le premier ministre, les ministres et les juges, et qui a le pouvoir de dissoudre le parlement, ne semble pas intéressé par le dialogue proposé. Le roi, dont les avoirs nets s’élèvent à plus de 200 millions de dollars, est connu pour son style de vie somptueux. Par exemple, il a acheté en 2018 douze Rolls Royce, pour lui-même et la famille royale. Cet achat a suscité de vives critiques de la part des syndicats et de la société civile, qui ont fait valoir que l’argent aurait été mieux utilisé pour réduire la pauvreté, qui dépasse les 60 %.
IndustriALL soutient la Journée mondiale d’action de la CSI et son 3e Congrès, en 2021, a adopté une résolution en faveur de réformes démocratiques pour l’Eswatini dans laquelle elle s’engage à “soutenir le peuple de l’Eswatini qui poursuit sa lutte en faveur de réformes démocratiques” et exige “le respect et la protection des droits de l’homme, y compris le droit à la vie, les droits à la liberté d’expression, de réunion et d’association, ainsi que l’État de droit”. En outre, la résolution appelle au “dialogue national pour des réformes démocratiques qui permettront l’élection démocratique du premier ministre et la révision de la constitution du pays afin de permettre le transfert des pouvoirs exécutifs du gouvernement à des dirigeants démocratiquement élus”.
Lors d’une manifestation officielle organisée en marge du Sommet pour la démocratie en Zambie le 20 mars, le Congrès des syndicats sud-africains, la Fédération internationale des travailleurs domestiques, le Solidarity Center, la CSI-Afrique, la CSI et le Conseil de coordination des syndicats d’Afrique australe, ainsi que le Congrès des syndicats du Swaziland, ont adressé des messages de solidarité en faveur de la campagne pour la démocratie en Eswatini, sous le thème : “Faire entendre la voix des travailleurs pour sauvegarder la démocratie en Afrique”. Au cours des discussions, les organisations se sont accordées pour dire qu’il n’y aurait pas de démocratie sans droits des travailleurs.
Wander Mkhonza, Secrétaire général de l’ATUSWA (Syndicat mixte du Swaziland), a déclaré :
“Nous apprécions la solidarité mondiale qui soutient la lutte de la classe ouvrière en faveur de la démocratie au Swaziland. Le gouvernement doit reconnaître que nous avons un rôle à jouer dans la démocratisation et l’avenir de notre pays. Le roi doit entamer des négociations et respecter les libertés et les droits de l’homme”.
L’ATUSWA est affilié à IndustriALL.
Atle Høie, Secrétaire général d’IndustriALL, a déclaré :
“Nous sommes préoccupés par l’absence de dialogue sur les réformes démocratiques en Eswatini. Il est triste qu’une culture de la peur ait remplacé l’optimisme que les syndicats et la société civile avaient il y a quelques années sur une possible transition vers un régime démocratique. Nous appelons le gouvernement d’Eswatini à entamer le processus de dialogue avec toutes les parties prenantes”.