23 octobre, 2013Ce jour marque l’étape solennelle de six mois depuis que 1.129 travailleurs et travailleuses du textile ont perdu la vie par homicide industriel lors l’effondrement du bâtiment de l’usine Rana Plaza à Savar le 24 avril dernier. Une seule marque a jusqu’ici payé une quelconque forme d’indemnité.
IndustriALL et UNI, les deux fédérations syndicales internationales qui œuvrent conjointement pour rendre l’industrie du vêtement au Bangladesh sûre et soutenable, se tiendront aujourd’hui dès la tombée du jour aux côtés des survivants et des familles des victimes à Rana Plaza pour une veillée à la lueur des bougies. Les deux fédérations sont choquées qu'au bout de six mois, Primark soit la seule entreprise à avoir versé quoi que ce soit aux victimes.
Primark a collaboré avec les syndicats locaux, structurés par l’entremise de l’IBC (le Conseil d’IndustriALL pour le Bangladesh), afin de mettre en place un mécanisme de distribution des indemnités à plus de 3.600 travailleurs et travailleuses et leurs familles. La méthode de versement, par le biais de bKash, evite tout intermédiaire et a l’entière approbation des travailleurs et travailleuses de Rana Plaza.
Le Secrétaire général d’IndustriALL Global Union Jyrki Raina met en exergue l’Accord comme étant la manière d’assurer qu’un changement durable au sein du secteur sera l’héritage de la tragédie de Rana Plaza :
« Tous les acteurs de la chaîne d’approvisionnement au Bangladesh sont d’accord pour dire que l’énorme ampleur de la dévastation consécutive au désastre de Rana Plaza a donné à tous ceux qui s’y sont trouvés impliqués une occasion historique de résoudre les problèmes de sécurité de cette industrie. L’Accord sur les mesures de sécurité ayant trait aux incendies et aux bâtiments au Bangladesh répond à cette préoccupation. Les cinq prochaines années verront l’Accord apporter régulièrement de bonnes nouvelles d’usines réparées et améliorées.
Le Secrétaire général d’UNI Global Philip Jennings poursuit :
« L’Accord va rester le moteur qui maintiendra le mouvement des réformes en matière de sécurité. La seule manière par laquelle la sécurité peut être contrôlée et suivie dans les usines est par l’implication des travailleurs et travailleuses et cette convention internationale portant sur les relations au sein du secteur est bâtie sur ce principe. »
La position des acheteurs par rapport aux indemnités est diversifiée. Certains refusent de s’engager, d’autres démentent de manière véhémente toute implication et d’autres encore réfutent toute responsabilité parce que leur production avait cessé à Rana Plaza depuis tout un temps ou y avait été sous-traitée sans qu’ils le sachent.
Entre-temps, deux commissions mises sur pied par la Haute Cour du Bangladesh ont proposé des niveaux d’indemnités pour les victimes de Rana Plaza pratiquement identiques à ceux des revendications des travailleurs, reflétées par la proposition IndustriALL/CCC/WRC d’1,8 million BTK (US$ 2.300) par famille de personne décédée.
Alors que les pourparlers se poursuivent à niveau international, les survivants et les familles des victimes réunis aujourd’hui à Rana Plaza se souviennent de leurs chers disparus en posant tous la même question : quand recevrons-nous enfin une compensation pour notre perte ?