24 mai, 2018Le Conseil d’Administration de Royal Dutch Shell s’est montré incapable de répondre de manière adéquate aux questions concernant de graves infractions aux droits des travailleurs lors de son assemblée générale annuelle ce mardi.
Le Secrétaire général adjoint d’IndustriALL Global Union, Kemal Özkan, ainsi que des leaders syndicalistes du Brésil, du Nigeria, de Trinité-et-Tobago, de Tunisie et d’Ouganda ont soulevé au cours de l’AG des questions concernant des infractions aux droits des travailleurs perpétrées sur des sites d’exploitation de Shell et concernant le travail précaire, l’inégalité des rémunérations, des salaires de misère, des pratiques antisyndicales ainsi que la santé et la sécurité.
Cette action s’inscrivait dans la campagne d’IndustriALL visant à obliger Shell à se conformer à ses déclarations et engagements concernant le respect des droits de ses salariés directs et des travailleurs et travailleuses de ses chaînes d’approvisionnement.
Le Président de Shell, Charles Holliday, a déclaré que ces problématiques devaient être traitées au plan local et a renvoyé les dirigeants syndicaux vers un helpdesk situé dans le foyer du Circustheater où l’AG se tenait. Cependant, il s’est avéré que personne ne les y attendait.
Kemal Özkan est revenu à l’AG, a souligné que personne ne se trouvait au helpdesk et a exhorté Shell à rencontrer IndustriALL et ses affiliés. Shell a alors pris des dispositions pour que différents membres du personnel prennent note de manière détaillée des infractions rapportées par les syndicats membres d’IndustriALL, qui représentent des milliers de travailleurs et travailleuses des sites d’activités de Shell. Le Président de Shell est ensuite venu parler en personne avec IndustriALL et les leaders syndicaux.
Finally @Shell are listening to us! Trade unions tell of violations in Nigeria, Trinidad & Tobago, Uganda, Brazil, Tunisia and more! #ShellAGM #makethefuture? #gotnofuture pic.twitter.com/B24ik9w7Sf
— IndustriALL (@IndustriALL_GU) May 22, 2018
Shell, géant du pétrole et du gaz, a régulièrement répété qu’il ne traiterait pas avec les syndicats au niveau international. Cependant, Kemal Özkan a dit au président :
“Nous ne visons pas à remplacer quelque négociation au plan local que ce soit, au contraire, nous recherchons un environnement au sein duquel la négociation et le dialogue au plan local se poursuivent. Mais les problématiques ne sont pas prises en compte sur le terrain, ce qui est la raison pour laquelle nous sommes ici. Dès lors qu’il n’y a pas de réponse dans le dialogue, nous devons nous tourner vers l’assemblée des actionnaires.”
IndustriALL a également soulevé auprès du président des problèmes de sous-traitance et d’infractions au code des fournisseurs.
Plus tôt dans la matinée, des affiliés d’IndustriALL qui représentent les travailleurs et travailleuses de Shell au sein de 12 pays ont tenu une manifestation devant l’AG pour appeler à l’arrêt du travail précaire chez Shell. Les travailleurs en sous-traitance sont deux fois plus nombreux que les permanents au sein de l’entreprise et y occupent la plupart des métiers dangereux.
"Our presence was like a slap in the face for Shell" says Grace Nyarua from the Uganda Chemicals Petroleum and Allied Workers' Union, at the #ShellAGM today. She asked Shell to intervene in the poor treatment of workers at Vivo in Uganda, which distributes fuel for Shell. pic.twitter.com/P0MNJg2v11
— IndustriALL (@IndustriALL_GU) May 22, 2018
IndustriALL et ses affiliés de Belgique, du Brésil, d’Irak, du Maroc, des Pays-Bas, du Nigeria, de Norvège, de Singapour, de Trinité-et-Tobago, de Tunisie, d’Ouganda et des États-Unis se sont vus à La Haye pour une réunion du Réseau syndical mondial de Shell, qui a eu lieu après l’AG du 22 mai et s’est poursuivie le lendemain.
La Directrice du département de l’énergie d’IndustriALL, Diana Junquera Curiel, a livré un compte-rendu de la situation mondiale du secteur du pétrole et du gaz ainsi que les résultats d’une récente étude sur les activités de Shell.
Cette étude, concernant 25 sites d’activité concernant plus de 20.000 travailleurs et travailleuses permanents et précaires, a montré que le travail en sous-traitance est en augmentation et que les salariés concernés sont moins payés et ont de pires conditions de travail.
Williams Akporeha, Président du Syndicat national des travailleurs du pétrole et du gaz naturel, a indiqué que le Nigeria était “le quartier général du travail précaire”. Toutes les activités de Shell au Nigeria sont menées par des travailleurs et travailleuses en sous-traitance.
Lors d’un débat sur la santé et la sécurité, Hasan Jumaah Saddawi de la Fédération irakienne des syndicats du pétrole a indiqué que les travailleurs et travailleuses de Shell en Irak prestaient au sein de sites pollués et contaminés et couraient de grands risques de cancers et d’infertilité. Il a appelé Shell à prendre ses responsabilités vis-à-vis de la santé de ses salariés irakiens (qui ont par ailleurs un traitement moins favorable que les employés étrangers) et à participer au nettoyage des zones contaminées.
IndustriALL et le Réseau syndical mondial de Shell soutiennent également l’affilié brésilien FERAESP dans sa revendication que les leaders syndicaux licenciés par Raizen, une coentreprise de Shell, en raison de leur appartenance syndicale, soient réintégrés.
“Le réseau syndical international de Shell a reconfirmé son engagement par rapport à la campagne. Nous allons continuer à chercher le contact avec les parties prenantes de Shell et à révéler la vérité concernant la manière dont l’entreprise abuse de sa main d’œuvre. Nous allons accélérer ces efforts jusqu’à ce que Shell se conforme à ses engagements à respecter les droits de travailleurs et prenne en compte nos préoccupations par rapport aux abus dont sont victimes les travailleurs précaires,” a affirmé Kemal Özkan.