31 juillet, 2019Les coupures d’électricité pouvant durer jusqu’à 18 heures sont fréquentes au Zimbabwe, alors que le pays traverse une nouvelle crise économique. Le rapport du vérificateur général du pays pour 2018 révèle par ailleurs que la corruption et le pillage sont courants dans les entreprises publiques, telles que l’Office zimbabwéen de fourniture d’électricité (ZESA).
Le niveau de corruption est si élevé que les services ont été paralysés. Dans les quelques usines restées ouvertes, des milliers d’emplois sont perdus en raison de l’absence d’électricité pour faire fonctionner les machines et le matériel. Le service public d’électricité est également incapable d’assurer le service de sa dette de plus de 20 millions d’US $ à l’entreprise Eskom implantée en Afrique du Sud qui a fourni de l’électricité au pays.
Le syndicat des travailleurs du secteur de l’énergie du Zimbabwe (ZEWU), affilié à IndustriALL Global Union, a indiqué que la corruption dure depuis de nombreuses années. Martin Chikuni, Secrétaire général du ZEWU, a déclaré:
« La corruption remonte à l’époque où le service public d’électricité a été divisé en cinq unités opérationnelles stratégiques. Les entités semi-autonomes - ZESA Holdings, Zimbabwe Electricity Transmission and Distribution Company, Zimbabwe Power Company, Powertel et ZESA Entreprises - semblent avoir été créées pour siphonner l’argent du service public d’électricité ».
Des millions de dollars ont été, par exemple, dépensés pour installer des compteurs inadaptés importés d’Inde et l’argent a été versé à des entreprises qui n’ont jamais fourni l’électricité attendue. Les équipements des centrales électriques sont vieux et aléatoirement entretenus.
Selon ZEWU, la direction de ZESA n’a ni expérience ni compétences techniques sur les questions énergétiques, et a négligé de planifier l’augmentation de la capacité de production d’énergie. De plus, les cadres sont surpayés et les fonds destinés aux opérations détournés à d’autres utilisations. ZEWU fait valoir que les cinq entités devraient à nouveau n’en former qu’une. En l’absence de recherches effectuées sur les énergies renouvelables, le pays continue de s’appuyer sur les énergies hydroélectrique et thermique, souligne le syndicat.
Le service public d’électricité ne tient pas non plus compte des conventions collectives qu’il a signées avec les syndicats et est attaqué devant les tribunaux au motif de pratiques de travail déloyales. Le service public d’électricité perd des travailleurs dotés de compétences critiques à cause des violations des droits des travailleurs et le non-paiement de salaires décents.
Paule-France Ndessomin, Secrétaire régionale d’IndustriALL pour l’Afrique subsaharienne, a indiqué:
« Il est choquant que des coupures d’électricité puissent durer plus de 18 heures. Nous exhortons le ministère de l’Energie et du Développement énergétique à trouver des solutions pour faire face à la crise énergétique au Zimbabwe, et demandons à ZESA de respecter les conventions collectives et les droits des travailleurs ».
ZEWU fait partie du réseau énergétique d’Afrique subsaharienne, qui milite pour une énergie durable basée sur un bouquet énergétique et des politiques de Transition juste. Le réseau est composé de 17 affiliés à IndustriALL répartis dans 13 pays.