15 novembre, 2017Des manifestations impliquant des milliers de personnes à travers tout le pays ont eu lieu le 12 novembre dans de nombreuses grandes villes de Roumanie, y compris Alba Iulia, Arad, Constanța, Brăila, Brașov et Cluj-Napoca, entre autres.
Les manifestations ont été déclenchées en réponse à l’annonce d’une révision du système d’imposition. Les mesures proposées dans le plan du gouvernement roumain prévoient l’augmentation du salaire minimum, mais les apports à un fond de pension privé obligatoire seront limités.
Les employeurs paieraient une taxe de 2,25% sur l’ensemble des salaires qu'ils versent et les petites entreprises avec un chiffre d’affaires de moins d’un million d’euros ne contribueraient que pour 1% du chiffre d’affaires au lieu des actuels 16% sur les bénéfices, diminuant ainsi les contributions des employeurs à la sécurité sociale pour en reporter toute la charge sur les salariés.
Il sera aussi de la responsabilité des employeurs de négocier individuellement avec leurs salariés au sujet d’une augmentation potentielle de leurs salaires pour compenser la différence en matière de contributions sociales.
Si elles sont approuvées, ces mesures entreraient en vigueur au 1er janvier 2018.
Le Comité exécutif d’IndustriALL Global Union lors de sa réunion à Colombo, au Sri Lanka, ces 8 et 9 novembre derniers, a adopté à l’unanimité une résolution spéciale de soutien aux travailleurs et travailleuses et leurs syndicats affiliés de Roumanie qui condamne le projet de révision fiscale proposé par le gouvernement roumain. Texte de la résolution en anglais et en roumain.
IndustriALL Global Union a également fait parvenir un courrier au gouvernement de Roumanie l’appelant à “renoncer à faire payer aux travailleurs la part des employeurs au niveau de leur sécurité sociale”.
Dans ce courrier, Valter Sanches, Secrétaire général d’IndustriALL Global Union, disait :
“Partout en Europe, et au-delà, les contributions de sécurité sociale sont financées conjointement par les salariés et les employeurs. Il est pour le moins surprenant qu’un gouvernement soutenu par une majorité sociale-démocrate approuve une telle mesure qui va à l’encontre du principe de solidarité et de l’objectif visant à assurer des conditions de travail décentes et à améliorer le bien-être général. Faire passer tout le poids des prélèvements de sécurité sociale sur les épaules des salariés conduirait à une nouvelle chute du pouvoir d’achat, à une détérioration des conditions de vie des citoyens et pousserait par ailleurs encore davantage de jeunes à quitter le pays.”
“Cette mesure fait ouvertement fi des normes européennes et internationales. Elle est en contravention avec des droits humains et sociaux fondamentaux tels que définis, entre autres, au sein de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme, du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels et des Conventions de l’Organisation internationale du Travail et de ses Recommandations ayant trait à la sécurité sociale, notamment la Convention 102, qui a été ratifiée par la Roumanie, et la Recommandation 202.”
Valter Sanches a aussi appelé le gouvernement roumain :
“à garantir les droits humains et syndicaux des travailleurs et travailleuses, à exécuter une politique sociale efficace et à s’assurer que le principe de la responsabilité partagée des contributions en matière de protection sociale soit maintenu.”