16 mars, 2016Rio Tinto a envenimé un conflit du travail à sa fonderie d'aluminium d'Islande en voulant priver les sous-traitants du droit de faire grève. Elle propose aussi d'étendre le recours à des sous-traitants sous-payés dans ses installations.
Cette tentative de Rio Tinto pour généraliser le travail précaire et son intransigeance dans des négociations qui s'éternisent ont poussé les travailleurs affectés au chargement sur les navires de l'aluminium destiné à l'exportation à entamer une grève illimitée le 24 février. L'entreprise a remplacé les grévistes par des cadres locaux et d'autres venus de France.
"Rio Tinto a franchi un nouveau cap en réclamant plus de sous-traitants moins payés et en remettant en cause le droit de grève", a déclaré le Secrétaire général adjoint d'IndustriALL, Kemal Özkan. "En appuyant ses revendications en faisant venir des briseurs de grève de l'étranger, Rio Tinto montre jusqu'où elle est prête à aller dans sa volonté impitoyable de précariser la main-d’œuvre."
Cette semaine, elle a encore fait venir deux autres briseurs de grève de France. Tous deux sont bien connus dans la gestion des ressources humaines de Rio Tinto et sont réputés pour être intraitables dans les négociations avec le personnel. Aucun n'a l'expérience du travail de docker et l'un d'eux fêtera ses 60 ans cette année, ce qui soulève de forts doutes quant à leur aptitude à faire le travail en toute sécurité et quant aux prétentions de Rio Tinto de faire passer la sécurité avant tout.
IndustriALL coordonne la réplique que le Réseau syndical mondial de Rio Tinto veut apporter à ses pratiques antisyndicales en Islande. Les syndicats d'une dizaine de pays où Rio Tinto est implantée ont envoyé des messages de solidarité et proposé leur aide.
IndustriALL a collaboré avec son organisation-sœur, la Fédération internationale des ouvriers du transport (ITF), afin de suivre les cargaisons d'aluminium de Rio Tinto entre l'Islande et leurs pays de destination. Les syndicats des clients belges, néerlandais, norvégiens et britanniques ont alors manifesté leur soutien en leur demandant de prier Rio Tinto de négocier une sortie équitable de la grève. IndustriALL a aussi dénoncé auprès de grands actionnaires de Rio Tinto ses attaques contre les droits des travailleurs en Islande.
Permettre à Rio Tinto d'importer des briseurs de grève et de refuser le droit de grève à une catégorie de travailleurs pourrait aussi exposer le gouvernement islandais à des critiques à la Conférence internationale du travail qui s'ouvrira fin mai à l'OIT. Cela pourrait aussi donner lieu au dépôt d'une plainte contre l'Islande auprès du Comité de la liberté syndicale de l'OIT.
Rio Tinto a récemment connu deux grèves en France. Le personnel de Carbone Savoie, dont Rio Tinto procède actuellement à la vente et où la santé et la sécurité soulèvent de graves questions, s'est mis en grève devant le refus de la direction de consulter les syndicats à propos de cette vente et de garantir un investissement qui assurerait la viabilité de l'entreprise. Et à Dunkerque, les travailleurs de la fonderie d'aluminium ont fait grève pour réclamer une part décente des profits de l'entreprise.
"Rio Tinto a récemment provoqué des grèves dans plusieurs pays en raison de sa conception des relations du travail", a déclaré Kemal Özkan. "Plutôt que de tenter de déposséder les travailleurs de leurs droits fondamentaux, il est temps que Rio Tinto collabore avec les syndicats en Europe et partout dans le monde pour mettre en place des relations professionnelles saines et constructives."