11 décembre, 2020Le 8 décembre dernier, plus de 150 dirigeants syndicaux des secteurs des métaux de base, de l’énergie et de l’automobile d’Amérique latine et des Caraïbes ont participé à une série de séminaires et de groupes de travail dans le cadre d’un projet mené par IndustriALL et Union to Union.
Le débat sur un programme politique et syndical visant à promouvoir la réindustrialisation régionale est axé sur le développement durable et la garantie d’une transition équitable vers une économie à faibles émissions de carbone. En collaboration avec des experts universitaires, un document présentant les principales tendances et les scénarios possibles pour l’industrie dans la région au cours des prochaines années a été élaboré et devrait faire l’objet d’une mise à jour en 2021 et au-delà.
Lors du dernier séminaire de l’année, Maurício Borges Lemos, ancien Directeur de la Banque de développement du Brésil, a expliqué qu’une politique de taux de change serait fondamentale pour tout projet visant à industrialiser les pays périphériques et à établir une politique de développement intégrée pour l’Amérique latine.
Chaque pays, ou groupe de pays, mettrait en place des mécanismes de politique industrielle spécifiques à un secteur. Cela impliquerait une combinaison de taux de change flottants et de taux d’imposition distincts pour chaque secteur, bien que les mêmes taxes ou ristournes douanières soient appliqués à tous les secteurs. Pour renforcer l’intégration régionale, ces droits de douane pourraient être fixés à zéro pour le commerce interrégional.
L’ambassadeur d’Argentine au Mexique, Carlos Alfonso Tomada, s’est penché sur les défis posés par la crise économique, sociale et de santé publique en Amérique latine. La numérisation et la durabilité sont une priorité dans les agendas des gouvernements et des entreprises, une transformation qui a un impact sur l’emploi et le développement, rendant nécessaire le renforcement du pouvoir des populations dans la région.
“Nous devons trouver un moyen d’accroître la participation et de créer des mécanismes pour assurer une Transition juste, ce qui implique essentiellement d’assurer une plus grande participation des syndicats [...].
Nous devons renforcer le dialogue social pour parvenir à des accords favorisant la production. Si les pays ne favorisent pas le développement par l’emploi et l’augmentation de la productivité, avec la pleine participation des travailleurs, nous ne pourrons pas réduire la pauvreté et les inégalités.”
Valter Sanches a évoqué la désindustrialisation en Amérique latine, causée par les politiques ultra-libérales et la façon dont la pandémie a changé l’économie mondiale.
“L’Amérique latine pourrait connaître une désindustrialisation plus poussée, car elle ne reçoit plus d’investissements étrangers directs en raison de politiques ultra-libérales. En tant que syndicats, nous devons encourager le dialogue avec les gouvernements, les organes législatifs et les organisations multilatérales et nous impliquer dans le processus économique.
Nous devons travailler ensemble pour créer et promouvoir des politiques industrielles durables, ainsi que des politiques commerciales souveraines. Le plan d’action mondial d’IndustriALL pour un commerce et une politique industrielle équitables souligne la nécessité d’inverser la tendance à la désindustrialisation et de revenir à la création d’emplois de qualité dans la région.”