16 mai, 2019“Rien ne nous empêchera de syndiquer et mobiliser les travailleurs et travailleuses.” Telle était la conclusion tirée par les syndicats indépendants du Mexique après la publication de la nouvelle réforme du droit du travail, le 1er mai, journée qui marque la fête du Travail au plan international.
Cette réforme a donné lieu à bien des débats au cours d’une série de réunions de coordination qui se sont tenues début mai dans le cadre du travail mené par IndustriALL Global Union avec les syndicats indépendants, un projet soutenu par notre affilié canadien Unifor.
Cette nouvelle législation va permettre de se débarrasser des contrats de protection des employeurs. Plus spécifiquement, les travailleurs auront le droit d’élire leurs dirigeants syndicaux par le biais d’un scrutin libre et secret, ils devront maintenant approuver les conventions collectives et la justice qui concerne ces matières sera rendue par des tribunaux du travail.
Au cours des réunions avec IndustriALL et Unifor, les syndicats indépendants ont indiqué que, bien que la réforme présente des progrès importants, elle contient certaines contradictions et des défis majeurs sont toujours bien présents. Certaines questions clés, comme l’externalisation, ne sont pas couvertes, ce qui signifie que de nouvelles réformes seront nécessaires. Beaucoup dépendra de la manière dont la nouvelle législation sera appliquée, et cela nécessitera des moyens considérables.
“Il ne fait pas de doute qu’il y aura une recomposition du paysage syndical. En tant que syndicats indépendants, nous devons maintenant reconsidérer notre situation et nous organiser de sorte à éviter la fragmentation et à renforcer notre position. Nous ne pouvons pas simplement rester à attendre que tout soit résolu par l’intervention du gouvernement. Il appartient aux syndicats de prendre des dispositions pour protéger les travailleurs et faire de cette réforme une réalité,” ont-ils conclu.
Ils ont également souligné le rôle joué par les syndicats indépendants, les militants sociaux et IndustriALL, qui ont collaboré pour élever la conscientisation et mener des actions unifiées au bénéfice de tous les travailleurs.
La fédération récemment crée de syndicats indépendants des industries de l’automobile, des fournitures automobiles, de l’aérospatiale et du pneumatique (FESIIAAAN) a également tenu une réunion avec des représentants d’IG Metall, d’Unifor, de la Confédération nationale des métallurgistes (CNM-CUT), du Solidarity Centre et d’IndustriALL. Lors de cette réunion, les syndicats ont réaffirmé leur engagement à renforcer cette nouvelle fédération :
“Sur les 27 usines de construction automobile du Mexique, seules trois comptent un syndicat indépendant. Pendant des années, les syndicats indépendants sont restés dans l’isolement, comme des brebis galeuses. Mais avec la FESIIAAAN, nous pouvons maintenant affirmer que nous avons rejoins un troupeau (...) et nous allons lutter pour nous assurer que bien davantage de travailleurs et travailleuses puissent, avec nous, jouir de meilleures conditions de vie et de travail,” ont-ils indiqué.
La délégation et les affiliés ont pris part au cortège du 1er mai et pour la première fois, les syndicats indépendants et les autres syndicats démocratiques (UNT-NCT et CIT) ont défilé côte à côte jusqu’à la place Zócalo. Et pour la première fois, des syndicats indépendants ont pris part à une réunion avec le Président López Obrador au Palais de la Nation.
S’adressant aux 100.000 manifestants réunis sur la place pour célébrer le 1er mai, le Directeur international d’Unifor, Mohamad Alsadi, a déclaré :
“Je suis très heureux que le Mexique a adopté une nouvelle législation et j’espère que le gouvernement collaborera avec les syndicats indépendants et démocratiques pour mettre en œuvre ces réformes.”