22 février, 2018Une mission d’enquête d’IndustriALL auprès des mines de cuivre et de cobalt de Glencore en République Démocratique du Congo (RDC) a mis en évidence d’alarmantes maltraitances de salariés qui contredisent explicitement la position de l’entreprise.
Des violations de droits humains et du travail systémiques comprenant des menaces constantes de renvoi, des pratiques déplorables en matière de santé et sécurité, des maladies professionnelles, de la discrimination et du racisme, des classifications de poste inéquitables et injustes, de faibles rémunérations et des salaires inférieurs pour la main d’œuvre locale en comparaison avec les travailleurs étrangers faisaient partie des doléances soulevées lors d’une réunion tenue mi-février dans le cadre de la mission avec environ 80 travailleurs et travailleuses de ces mines à la Cathédrale de Kolwezi.
Glencore vient tout juste de publier des bénéfices record pour 2017 et indique qu’il prévoit d’augmenter sa production de cobalt de 133% au cours des trois prochaines années, en grande partie en réponse à la demande croissante de batteries de véhicules électriques de la part d’entreprises comme Renault, Volkswagen et Volvo. Le cobalt des mines de Glencore en RDC est également utilisé dans les batteries qui équipent les téléphones d’Apple et de Samsung.
Les travailleurs et travailleuses de Glencore, qui sont membres de l’affilié d’IndustriALL, le TUMEC, ont décrit le traitement reçu et leurs conditions d’emploi comme étant “ni plus ni moins que de l’esclavage”, comparable à “Guantanamo”. Les travailleurs et travailleuses rapportent que leurs familles sont exposées à des maladies professionnelles parce que leurs vêtements de travail sont ramenés à la maison, ne disposant sur le lieu de travail d’aucune infrastructure pour faire laver leurs vêtements ni se doucher.
“Nous sommes si sales en rentrant à la maison que nous ne pouvons même pas prendre nos enfants dans les bras” a indiqué un travailleur.
Les travailleurs se sont plaints du fait que les 750 ml d’eau potable qu’ils reçoivent par poste n’étaient pas suffisants. Ils ont évoqué le fait que leurs familles n’avaient pas accès à l’hôpital de Glencore en raison de la distance séparant cette infrastructure de leur communauté.
Les travailleurs ont décrit les différences entre les traitements et conditions d’emploi chez Glencore Mutanda et KCC comme des tentatives délibérées de l’entreprise de diviser et affaiblir les syndicats.
IndustriALL a organisé du 14 au 17 février une mission d’enquête en réponse à une demande urgente du TUMEC visant à se pencher sur les conditions affligeantes auxquelles sont confrontés les mineurs des sites d’exploitation de Glencore de Kolwezi, dans la province de Lualaba, richement dotée en cobalt. Cette mission internationale était dirigée par le Directeur d’IndustriALL Global Union pour le secteur des mines, Glen Mpufane, et comprenaient des délégués syndicaux du NUM (Syndicat national des mines) et du NUMSA (Syndicat national des métallurgistes) qui travaillent chez Glencore en Afrique du Sud, ainsi que de représentants du Bureau régional d’IndustriALL pour l’Afrique sub-saharienne.
Glencore a rejeté la demande du TUMEC de donner accès à la mission à ses mines en RDC.
Glen Mpufane a déclaré en réaction à un récent article paru sur la mission :
“Glencore a parlé à la presse de son engagement par rapport à un dialogue ouvert avec IndustriALL et de sa relation positive avec le TUMEC. En réalité, Glencore a refusé de laisser visiter ses mines par la mission d’IndustriALL et les membres du TUMEC lui ont déclaré que Glencore les maltraite gravement.”
Le NUM et le NUMSA ont dit leur préoccupation quant à la manière dont Glencore traite ses salariés en RDC et exprimé leur solidarité par rapport à la lutte visant à améliorer les choses.
La mission internationale va envoyer un rapport détaillé au Siège central de Glencore à Zurich, en Suisse, en revendiquant qu’une attention immédiate soit portée aux conditions de travail déplorables en vigueur sur ses sites de RDC. IndustriALL va également partager ces informations avec les investisseurs de Glencore et ses clients pour le cobalt.
“Les violations endémiques des droits humains fondamentaux des travailleurs de RDC de la part de Glencore représentent un risque grave au niveau de la chaîne d’approvisionnement du marché mondial du cobalt,” a ajouté Mpufane.