26 novembre, 2020Malgré la répression, une grève générale commune des travailleurs et des agriculteurs a entraîné la mise à l’arrêt de l’Inde. Plus de 250 millions de travailleurs et travailleuses ont participé à la grève du 26 novembre.
Les syndicats indiens ont condamné les arrestations de dirigeants ouvriers et agricoles dans tout le pays, alors qu’ils manifestaient ensemble dans le cadre de l’une des plus grandes grèves générales jamais organisées à l’échelle nationale. Les dirigeants des syndicats indiens ont claironné un appel au gouvernement pour qu’il abroge les codes du travail anti-ouvriers et les législations agricoles anti-paysannes, car une mobilisation massive des travailleurs industriels et agricoles ainsi que des paysans dans tout le pays y a bousculé le train-train habituel, aussi bien dans les zones rurales qu’urbaines.
Dans tout le pays, les salariés des secteurs public et privé ont participé à la grève. Un front uni de plus de 250 organisations d’agriculteurs, le All India Kisan Sangharsh Co-ordination Committee (AIKSCC), a apporté son soutien à la grève syndicale et les syndicats ont apporté leur soutien à la mobilisation des paysans “Chalo Delhi” (Aller à Delhi) les 26 et 27 novembre. Les agriculteurs protestent contre les récentes lois anti-paysannes qui retireraient le prix minimum de soutien du gouvernement pour les produits agricoles, ce qui aurait de graves conséquences sur les revenus et les moyens de subsistance des agriculteurs.
Les dirigeants syndicaux ont exprimé leur inquiétude quant au fait que, sous prétexte de Covid-19, le gouvernement a déclenché une vaste répression. La police a utilisé des moyens violents pour tenter d’arrêter les centaines de milliers d’ouvriers et de paysans qui se rendent à Delhi pour manifester pacifiquement dans la capitale les 26 et 27 novembre.
Sanjay Vadhavkar, Secrétaire général de la SMEFI et membre du Comité exécutif d’IndustriALL, a déclaré :
“Malgré les interventions rugueuses de la police dans tout le pays, les travailleurs ont participé avec enthousiasme à la grève. Les récentes modifications du droit du travail, notamment les nouveaux codes sur la sécurité sociale, les salaires et les relations sociales, doivent être annulées, car elles ne protègent pas les principes et les droits fondamentaux au travail.
Sur de nombreux aspects, elles vont à l’encontre des engagements pris par l’Inde dans les forums internationaux sur les droits de l’homme et les droits du travail. La mauvaise gestion de la Covid-19 et les politiques économiques anti-populaires ont poussé des millions de personnes dans la misère. Cette grève et l’action conjointe avec les agriculteurs enverront un message fort au gouvernement pour exiger des politiques axées sur les travailleurs et les personnes.”
Le Secrétaire général d’IndustriALL Valter Sanches, a déclaré :
“Nous condamnons les moyens violents utilisés pour mettre fin à une expression démocratique de désaccord. IndustriALL est solidaire du mouvement syndical indien et salue les efforts qu’il a déployés pour former une vaste alliance représentative avec les paysans et les travailleurs agricoles contre les politiques anti-populaires.
Les revendications des syndicats indiens sont parfaitement fondées, en particulier dans la situation actuelle, caractérisée par un taux de chômage élevé et des pertes d’emplois, qui ont été aggravés par la pandémie qui ravage le monde et l’Inde en particulier. Le gouvernement devrait écouter les syndicats et mener un véritable dialogue pour résoudre les problèmes.”
Le Comité exécutif d’IndustriALL, qui s’est réuni en ligne le jeudi 19 novembre, a exprimé son soutien total et solidaire à la grève générale.
Charte commune des revendications des syndicats :
- versement direct en espèces de 7.500 roupies (101 dollars) à toutes les familles qui gagnent moins que le seuil d’imposition
- ration de 10kg gratuite par personne et par mois pour tous ceux qui sont dans le besoin.
- extension de la loi nationale Mahatma Gandhi sur la garantie de l’emploi rural pour faire passer le nombre de jours de travail de 100 à 200 jours dans les zones rurales avec des salaires plus élevés et extension de ce programme aux zones urbaines
- retrait de toutes les modifications du code du travail et des lois anti-paysannes
- arrêt des privatisations des entreprises du secteur public, y compris celles du secteur financier. Arrêt du passage dans des mains privées des entreprises publiques de fabrication et de services du domaine des chemins de fer, des fournitures militaires, des infrastructures portuaires et autres domaines similaires.
- retrait de la circulaire draconienne de mise à la retraite anticipée forcée d’employés du gouvernement et du secteur public.
- pension pour tous, rétablissement du régime de pension antérieur et amélioration des dispositions du système de pension EPS 95.
La plate-forme syndicale commune comprend les centrales syndicales suivantes : INTUC, AITUC, HMS, CITU, AIUTUC, TUCC, SEWA, AICCTU, LPF et UTUC.