9 octobre, 2020Le 25 septembre, les syndicats, les employeurs et le gouvernement polonais sont parvenus à un accord sur l’abandon progressif des mines de charbon d’ici 2049. Le syndicat polonais des travailleurs des mines et de l’énergie NSZZ Solidarnosc SGIE s’inquiète de cette échéance, car cette mesure risque de laisser plusieurs millions de personnes sans emploi dans les secteurs des mines, des industries à forte intensité énergétique et d’autres activités en aval.
L’accord a été conclu moins de dix jours après l’annonce ambitieuse de la Commission européenne d’obtenir une réduction de 55 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, sur la base des niveaux de 1990, avec pour objectif final que l’UE devienne neutre sur le plan climatique d’ici 2050.
Dans le cadre de ces négociations, les parties sont convenues d’élaborer un accord social d’ici le 15 décembre 2020, qui réglementera le fonctionnement du secteur de l’extraction de la houille du pays. L’accord sera présenté à la Commission européenne pour approbation afin de garantir l’accès au financement public et de pouvoir mettre en œuvre le plan social.
Entre autres choses, l’accord encourage l’investissement dans des projets de production d’énergie à zéro ou faible émission de carbone, crée une société pour le développement et l’application de technologies propres pour le charbon et finance la fermeture de la production de houille dans les différentes mines d’ici fin 2049. Le calendrier de fermeture des différentes mines fait également partie de l’accord.
Jarosław Grzesik, Président de NSZZ Solidarnosc SGIE, affilié à IndustriALL Global Union, a participé aux négociations et se montre prudent quant au texte final de l’accord. Les principales préoccupations du syndicat concernent l’échéance de la fermeture des mines en 2049.
Selon le syndicat, le plan initial de la Pologne était d’avoir sa propre trajectoire vers la neutralité climatique, à atteindre d’ici 2060. Certaines mines auraient pu rester opérationnelles jusqu’à cette date.
Grzesik attire l’attention sur les lacunes de l’accord, en particulier sur le fait qu’il ne couvre que la région de Silésie. L’accord prévoit la modernisation des centrales électriques de Łaziska et de Rybnik, mais aucun projet n’a été annoncé concernant d’autres centrales électriques.
Grzesik a fait ce commentaire :
“Cet accord s’applique uniquement à la houille et les solutions incluses dans les hypothèses de la politique énergétique polonaise affecteront également d’autres industries, à savoir les mines de lignite, l’énergie, la métallurgie, les cimenteries, la sidérurgie, l’industrie automobile et tous les secteurs à forte intensité énergétique. Un autre accord social est maintenant important pour d’autres industries qui seront rendues obsolètes par suite de la politique climatique de l’Union européenne.”
NSZZ Solidarnosc SGIE estime que la politique climatique de l’Union européenne est dangereuse pour la Pologne, car les ressources consacrées à la transformation juste ne sont malheureusement pas suffisantes et les solutions proposées n’auront pour résultat que la destruction d’emplois, ce qui n’a rien à voir avec le concept de Transition juste. Il est prévu de construire une usine de voitures électriques et une usine d’installations photovoltaïques en Silésie, mais selon le syndicat, celles-ci ne généreront que quelques milliers d’emplois, tandis que plusieurs millions de citoyens polonais perdront leur emploi dans les industries à forte intensité énergétique et dans l’industrie minière.
Kemal Özkan, Secrétaire général adjoint d’IndustriALL a fait pour sa part ce commentaire :
“IndustriALL soutient fermement son affilié NSZZ Solidarnosc SGIE et les autres syndicats polonais impliqués dans cette décision de relever les défis du changement climatique et de signer un accord définissant l’avenir de la politique énergétique nationale. IndustriALL Global Union soutient les objectifs de l’accord de Paris, mais nous insistons pour que tous les travailleurs et travailleuses touchés par la transformation industrielle soient complètement protégés, financièrement et socialement, par un processus de Transition juste.”
Le modèle d’IndustriALL concernant la transition vers une économie plus propre, plus durable, qui soit économiquement et socialement juste et équitable pour les travailleurs et travailleuses ainsi que leurs communautés de vie est défini dans la position prise par IndustriALL sur la Transition juste.