29 janvier, 2014Le 26 janvier, le syndicat mexicain SUTEIVP, qui est affilié à IndustriALL Global Union, a fêté les six années de combat mené par 33 travailleurs qui demandent que leur soit rendu leur emploi chez Industria Vidriera del Potosí, filiale du groupe Grupo Modelo - AB InBev. Ils avaient été licenciés en 2008, avec la complicité d'autorités en charge du travail corrompues, dans le but d'affaiblir ce syndicat indépendant.
"Les licenciements et le démantèlement du Sindicato Único de Trabajadores de la Empresa Industria Vidriera del Potosí (STUEIVP) étaient une mesure radicale de la direction; pourtant, elle a été approuvée par les autorités et appuyée par une démonstration de force, le 9 mai 2008, pour priver les travailleurs de leur représentation. Cela peut avoir freiné la lutte, mais ça n'y a pas mis fin" (extrait d'un article publié dans le Jornada de San Luis le 23 janvier 2014).
En tout, 220 travailleurs ont été licenciés en 2008, dont l'ensemble du comité exécutif du syndicat. La direction a pris cette mesure avant de signer une nouvelle convention collective avec les dirigeants corrompus d'un syndicat de protection, un syndicat "jaune" choisi par elle.
Pendant toutes ces années, le SUTEIVP a refusé d'accepter le licenciement des 220 travailleurs parce que la convention collective en vigueur à l'époque leur garantissait la sécurité d'emploi. À ce jour, 33 travailleurs résistent encore aux pressions de l'entreprise qui veut leur faire abandonner leurs revendications et ils ont bon espoir qu'un recours en justice permettra leur réintégration.
Dans un acte symbolique de résistance devant les bâtiments de l'entreprise, le 26 janvier, le SUTEIVP a montré qu'il a l'intention de continuer la lutte et exigé que les autorités compétentes et la direction de Grupo Modelo trouvent une solution au conflit. Le syndicat a remercié toutes les organisations syndicales nationales et internationales qui ont manifesté leur solidarité inconditionnelle avec son combat.
"Depuis 2008, Industria Vidriera del Potosí a procédé à 600 autres licenciements abusifs. Au cours de ces six années, elle a licencié des collègues qui nous soutenaient et forcé d'autres à s'affilier au syndicat de protection, le CROC, en menaçant de licenciement immédiat ceux qui soutiendraient notre combat. En outre, les travailleurs licenciés, leurs femmes et les membres de leurs familles ont été placés sur une liste noire alors que leur seul crime a été de défendre nos emplois ainsi que les droits de l'homme pourtant inscrits dans la constitution mexicaine", indique le syndicat.
L'entreprise ainsi que les autorités en charge du travail ont fait obstruction aux procédures judiciaires demandant la réintégration des 33 travailleurs licenciés dans le but d'épuiser les travailleurs en faisant traîner les procédures. Lors de la commémoration des six années de lutte, les travailleurs ont adressé une liste de doléances à Grupo Modelo :
- la réintégration immédiate des 33 travailleurs qui continuent à résister;
- le respect par Grupo Modelo - AB InBev des traités internationaux sur le travail, comme par exemple la convention 87 de l'OIT;
- AB InBev, qui contrôle maintenant totalement Grupo Modelo, doit accepter la responsabilité de trouver une solution au conflit;
- la reconnaissance du syndicat indépendant SUTEIVP;
- l'arrêt du harcèlement des travailleurs à l'intérieur de l'usine;
- la liberté syndicale;
- non au syndicat de protection;
- non aux licenciements collectifs à Industria del Potosí
IndustriALL Global Union exprime une fois encore son soutien et sa solidarité à son affilié SUTEIVP; il appelle les travailleurs en lutte à maintenir leurs revendications et les autorités en charge du travail à organiser rapidement un arbitrage et trouver une solution favorable aux travailleurs et à leurs familles.