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Organiser dans un contexte économique difficile dans l'industrie du vêtement au Zimbabwe

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3 octobre, 2024Avec la fermeture, au fil des ans, des ateliers de confection sous l'effet d'une crise économique prolongée, la plupart des syndicats zimbabwéens ont du mal à recruter et organiser.

Il semble que le chômage avoisine les 90 pour cent dans une économie essentiellement informelle et la reprise est lente, l'activité manufacturière industrielle ne redémarrant pas. Pourtant, même dans un environnement économique difficile, avec des licenciements qui ont fait fondre leurs effectifs, les syndicats résistent.

Le Syndicat national de l'industrie du vêtement (NUCI), qui est affilié à IndustriALL Global Union, explique qu'il arrive à conserver ses adhérents grâce à une stratégie d'organisation ancrée dans de meilleures relations professionnelles et négociations collectives. Actuellement, les salaires des travailleurs sont fixés par les syndicats et le Conseil national de l'emploi de l'industrie du vêtement par le biais d'une convention collective sectorielle. Le salaire minimum est de 180 $ et le syndicat fait campagne pour obtenir des salaires de subsistance de plus de 250 $.

Une des usines couvertes par la convention collective est Enbee, qui confectionne les uniformes scolaires et où le NUCI compte plus d'une centaine de membres. Certains ont déclaré à IndustriALL pendant la visite d'un atelier à Harare, le 27 septembre, qu'ils y travaillaient depuis plus de 40 années pendant lesquelles ils ont contribué au succès de la marque d'uniformes. Ils ont aussi exprimé leur attachement à leur syndicat.

Selon le syndicat, le brassage des générations au sein de l'entreprise permet aux jeunes travailleurs de profiter des compétences de leurs aînés dont certains sont devenus contremaîtres, parmi lesquels des femmes employées dans diverses fonctions. Certains jeunes du NUCI ont aussi participé activement aux activités d'organisation syndicale avec le soutien du bureau régional d'IndustriALL pour l'Afrique subsaharienne.

À propos de la crise économique que connaît le Zimbabwe, le NUCI estime que la plupart des grandes entreprises textiles et d'habillement ont dû fermer à cause de l'hyperinflation, de la crise monétaire, des coupures d'électricité et de la pénurie d'eau. En outre, une importation de vêtements et de textiles à hauteur de 95 pour cent et les vêtements de seconde main ont eu pour effet que la production locale n'est plus rentable et ses articles sont devenus trop chers. Par exemple, une chemise confectionnée sur place peut coûter jusqu'à 15 $ à sa sortie d'usine, contre à peine 2 $ pour une chemise de seconde main venant de dons en Europe. Par ailleurs, des coûts de production élevés et un exode de la main-d’œuvre qualifiée vers les pays voisins pèsent aussi sur l'industrie du textile et de l'habillement.

La chaîne de valeur locale allant de la culture du coton au vêtement, autrefois prospère, s'est affaiblie aussi. Or, ce qui reste de la production locale de coton est exporté plutôt qu'être utilisé localement. Les données officielles confirment que les petits cultivateurs préfèrent exporter leur coton à des prix plus élevés.

Quoi qu'il en soit, malgré une situation économique dramatique, des lueurs d'espoir subsistent pour l'industrie déclare Joseph Tanyanyiwa, le secrétaire général du Syndicat national de l'industrie du vêtement.

"Le syndicat continue d'assurer ses services aux membres malgré un contexte économique difficile. Au niveau des politiques, nous continuons à faire pression sur les autorités gouvernementales et municipales pour qu'elles relancent l'industrie du textile et de l'habillement par des marchés publics et des politiques d'approvisionnement qui créent des emplois sur place. Nous voulons croire qu'avec des interventions politiques appropriées l'industrie du vêtement peut revivre."

"Nous saluons la résilience des organisations syndicales de l'industrie du textile et de l'habillement du Zimbabwe qui organisent dans des conditions difficiles marquées par une crise économique et du coût de la vie. Cela souligne l'importance de l'engagement syndical au service de ses adhérents,"

a déclaré la secrétaire régionale d'IndustriALL pour l'Afrique subsaharienne, Paule France Ndessomin.

Les autres affiliés d'IndustriALL qui représentent les travailleurs du textile, de l'habillement, de la chaussure et du cuir au Zimbabwe sont le Syndicat des travailleurs du textile du Zimbabwe et le Syndicat des travailleurs du cuir, de la chaussure et apparentés du Zimbabwe.