3 février, 2022À l’occasion du premier anniversaire du coup d’État militaire au Myanmar, IndustriALL a organisé un webinaire avec des dirigeants du mouvement syndical international ainsi que des syndicats du Myanmar.
La lutte pour le retour de la démocratie au Myanmar, un an après le coup d’État
Les orateurs du webinaire étaient :
- Atle Høie, Secrétaire général, IndustriALL
- Kemal Özkan, Secrétaire général adjoint, IndustriALL
- Akira Takakura, Vice-président, IndustriALL
- Shinya Iwai, Secrétaire régional pour l’Asie du Sud-Est, IndustriALL
- Sharan Burrow, Secrétaire générale, CSI
- Maung Maung, Président, Confédération des syndicats du Myanmar
- Moe Sandar Myint, Alliance du travail du Myanmar
- Dr. Lwan Wai, Équipe de plaidoyer sur les sanctions économiques globales.
Dans son discours d’ouverture, le Secrétaire général d’IndustriALL, Atle Høie, a déclaré :
“Il y a un an, juste avant la cérémonie de prestation de serment du nouveau parlement et la formation d’un nouveau gouvernement, à l’issue d’une victoire électorale écrasante de la LND, les militaires du Myanmar ont organisé un coup d’État.
L’année qui s’est écoulée depuis le coup d’État a été une année d’horreur, car nous avons été témoins des atrocités de la junte militaire, tandis que la communauté internationale n’a pas pu ou voulu contribuer à la restauration de la démocratie. En un an, 1.500 personnes ont été tuées, plus de 11.500 ont été arrêtées, plus de 1,6 million ont été déplacées à l’intérieur du pays et on compte 241.000 réfugiés au Bangladesh, en Malaisie et en Thaïlande.
La junte militaire ne se contente pas de traquer et de bombarder ses citoyens au Myanmar, elle les attaque également dans les camps de réfugiés en Thaïlande. Ce dont nous sommes témoins ne sont rien de moins que des crimes contre l’humanité.
Pourtant, l’Union européenne ne peut pas se résoudre à retirer les privilèges commerciaux préférentiels de l’initiative “Tout sauf les armes”. Cette initiative TSA représente un système qui accorde des privilèges commerciaux aux pays en développement et aux pays les moins avancés afin de réduire la pauvreté et de créer des emplois, sur la base de valeurs et de principes internationaux, notamment en matière de travail et de droits de l’homme.
Sur quelle planète peut-on dire que ce qui se passe au Myanmar est fondé sur des valeurs et des principes internationaux ?
Ensemble avec industriAll Europe, nous demandons à tous nos affiliés de l’Union européenne de faire pression sur leurs gouvernements pour qu’ils retirent les préférences accordées par l’initiative TSA. Cela ne peut plus durer.
Lors de son Congrès en septembre, IndustriALL a adopté une résolution très forte demandant des sanctions économiques globales contre le Myanmar. Nous avons revendiqué que toutes les entreprises multinationales et les enseignes de stature mondiale cessent leurs activités, désinvestissent, arrêtent de passer des commandes et mettent fin à leurs relations commerciales au Myanmar.
Des millions de travailleurs et travailleuses ont déjà perdu leur emploi en raison de l’effondrement de la société, mais des sanctions globales sont nécessaires pour étrangler le flux d’argent dirigé vers la junte militaire.
Notre revendication a été suivie par certains, est encore débattue par d’autres et ignorée par d’aucuns. Ceux qui débattent encore ou qui l’ignorent soit pensent qu’ils aident la population du Myanmar en maintenant des emplois, soit l’exploitent cyniquement pour faire des bénéfices supplémentaires.
Soyons clairs à cet égard : il n’est pas possible de faire des affaires au Myanmar en respectant les normes exigées par la communauté internationale. Aucune activité dans le pays ne peut faire l’objet d’une véritable diligence raisonnable et, de ce fait, aucune entreprise ne peut affirmer que ses activités ne portent pas atteinte à la population ou qu’elle garantit les droits syndicaux et humains fondamentaux.
Nous n’aurons de répit tant que le pouvoir ne sera pas rendu au peuple du Myanmar et nous devons profiter de cet anniversaire pour renouveler notre revendication en faveur de la justice.”