4 mai, 2023Le 10e anniversaire de l’effondrement du Rana Plaza, le 24 avril, a été le point de départ d’une semaine de plaidoyer de la part de dirigeants syndicaux du secteur de la confection du Bangladesh, du Myanmar, du Cambodge et de Tunisie. La délégation a rencontré l’OIT à Genève, des responsables politiques à Berlin, ainsi que le Parlement européen et la Commission à Bruxelles pour discuter de la poursuite de la campagne en faveur d’usines sûres et de la nécessité d’un devoir de diligence contraignant.
La semaine a commencé par des réunions bilatérales à l’OIT à Genève pour souligner le besoin jamais démenti d’un soutien plus déterminé de la part de l’OIT. La délégation, composée de Habib Hazimi, Coprésident sectoriel d’IndustriALL (Tunisie), Nazma Akter (Bangladesh) et Athit Kong (Cambodge), a participé à une cérémonie de commémoration en l’honneur des travailleurs et travailleuses qui ont perdu la vie au Plaza Rana, organisée par le Bureau des activités pour les travailleurs de l’OIT (ACTRAV).
“L’effondrement du Plaza Rana et ses conséquences nous rappellent brutalement que la sécurité et la santé au travail ne sont pas seulement un droit fondamental sur le lieu de travail, mais aussi une étape clé dans la quête de la justice sociale pour tous”,
a déclaré Manuela Tomei, Directrice générale adjointe de l’OIT pour la gouvernance, les droits et le dialogue.
L’appel en faveur de relations sociales fortes dans la chaîne d’approvisionnement a conduit les dirigeants syndicaux à une conférence sur l’industrie textile asiatique organisée à Berlin par le Ministère fédéral allemand de la coopération économique et du développement, où ils ont été rejoints par Khaing Zar, du Myanmar.
En tant que membre du panel d’experts, Christina Hajagos-Clausen, Directrice du secteur du textile et de la confection d’IndustriALL, a martelé :
“Honte à vous, les enseignes qui continuez à vous approvisionner au Myanmar malgré le coup d’État militaire. On ne peut pas parler de travail décent et continuer à s’approvisionner au Myanmar”.
Lors de la réunion de travail du Partenariat pour le textile Textilbündnis, Nazma Akter, Présidente de la Fédéation Sommilito Garments Sramik (Bangladesh), a répété le message selon lequel il faut encore se battre pour des usines sûres :
“Seule la moitié des 4,4 millions de travailleurs et travailleuses de la confection du Bangladesh sont couverts par l’accord. Il doit se prolonger et toutes les enseignes qui s’approvisionnent au Bangladesh doivent le signer”.
A Bruxelles, la délégation a rencontré des Parlementaires européens et des membres de la Commission européenne.
“Les syndicats des pays producteurs attendent de l’UE qu’elle prenne des mesures en faveur d’une diligence raisonnable contraignante”,
a déclaré Athit Kong, Président du syndicat cambodgien CCAWDU.
“L’UE a la possibilité d’utiliser ses relations commerciales pour améliorer la situation des travailleurs et travailleuses.”
Habib Hazami, Secrétaire général de la Fédération tunisienne du textile, de l’habillement, de la chaussure et du cuir, a déclaré :
“Les travailleurs et travailleuses font de leur mieux pour améliorer la productivité, alors pourquoi ne pas les aider et mettre le poids sur les épaules des marques multinationales afin qu’elles offrent des salaires décents, de meilleures conditions de travail et le respect des droits des travailleurs”.
Les dirigeants syndicaux ont présenté trois revendications clés qui dépendent de l’action et du soutien de l’Europe
- Législation contraignante en matière de diligence raisonnable comprenant l’accès à un recours juridique
- Les entreprises européennes doivent offrir des salaires décents tout au long de leurs chaînes d’approvisionnement mondiales
- D’autres enseignes doivent adhérer à l’Accord international visant à améliorer la sécurité des travailleurs et travailleuses de l’industrie de la confection sur le lieu de travail
“Le projet MADE in Myanmar de l’UE sert de paravent aux violations des droits des travailleurs, car il légitime les militaires. L’UE doit y mettre un terme, car le travail décent n’est pas possible au Myanmar sous la dictature”,
a déclaré Khaing Zar.
“Nous avons entrepris cette tournée de sensibilisation pour mettre en avant un pilier essentiel de notre politique, à savoir l’abandon de l’audit social au profit d’une diligence raisonnable contraignante”,
a conclu Christina Hajagos-Clausen.