10 mai, 2017Les Fédérations syndicales internationales exigent de l’Union européenne de faire répondre le Bangladesh de ses violations des droits des travailleurs, à quelques jours d’une réunion destinée à évaluer le Pacte de développement durable du Bangladesh qui se tiendra le 18 mai à Dacca.
Ce Pacte a été institué entre l’Union européenne (UE), le gouvernement du Bangladesh, les États-Unis, le Canada et l’OIT, en vue d’améliorer les droits des travailleurs et la sécurité des usines dans l’industrie de la confection, après que plus de 1.100 travailleurs et travailleuses ont été tués lors de l’effondrement de l’usine Rana Plaza le 24 avril 2013.
Pourtant, quatre ans plus tard, à l’occasion d’une évaluation accablante, des fédérations syndicales internationales, parmi lesquelles figurent IndustriALL, la CSI et UNI, ont vertement critiqué les résultats de ce pacte alors que les droits des travailleurs au Bangladesh continuent à se détériorer.
Dans le document, publié ce mois, les syndicats écrivent :
“Pour résumer, en dépit du Pacte de développement durable, en dépit des millions alloués sous forme d’assistance internationale aux fins d’améliorer les relations sociales et même d’efforts consentis par certaines enseignes, le gouvernement a démontré sans qu’il y ait le moindre doute que les mécanismes de dialogue permanents ont échoués et n’apporteront, au mieux, que peu de choses pour améliorer le sort des plus de quatre millions de travailleurs et travailleuses de la confection et de nombreux millions encore dans d’autres secteurs.”
De plus, les fédérations syndicales internationales exigent que l’UE lance une enquête sur le statut SPG du Bangladesh, qui accorde des préférences commerciales avec l’Europe sous condition que le pays qui en bénéficie respecte certaines normes du travail.
Année après année, le gouvernement du Bangladesh a failli à honorer ses engagements concernant le pacte. La situation s’est encore dégradée avec l’arrestation et la détention arbitraires d’au moins 35 travailleurs et militants syndicaux en décembre dernier. Plus de 1.600 travailleurs et travailleuses de la confection ont été licenciés et des leaders syndicaux ont été menacés et intimidés par la police. Une campagne menée par IndustriALL a aidé à obtenir la libération des détenus, mais les charges contre eux sont maintenues.
Cette évaluation a également conclu que les engagements du pacte sur la liberté syndicale et la négociation collective n’ont pas été tenus, la moitié des demandes d’enregistrement de syndicats ayant été refusées. De plus, le gouvernement n’a toujours pas recruté le nombre nécessaire d’agents pour les inspections des usines repris dans le pacte. Entretemps, le gouvernement a constamment ignoré les plaintes des syndicats concernant les conditions de travail dangereuses sur les chantiers de démolition de navires et au sein des tanneries.
La Secrétaire générale adjointe d’IndustriALL, Jenny Holdcroft, a indiqué :
“L’Union européenne est le plus important partenaire commercial du Bangladesh. Elle ne doit pas et ne peut pas fermer les yeux sur la situation en déliquescence des travailleurs et des syndicats du pays. Une enquête sur la pertinence du statut commercial préférentiel du Bangladesh avec l’UE enverrait à son gouvernement un message fort pour qu’il balaie devant sa porte.”
Vous pouvez consulter cette évaluation ici.