23 juillet, 2014Le Syndicat des Verriers de Turquie, Kristal-İş, a déposé une plainte officielle contre le gouvernement turc auprès de l’OIT pour violation de la liberté syndicale, du droit à négocier collectivement et du droit de grève.
Le gouvernement a promulgué un décret le 27 juin pour suspendre pendant 60 jours une importante grève dans l’industrie verrière en Turquie, en arguant qu’elle constituait un risque pour ”la santé publique et la sécurité nationale”. Cette démarche du gouvernement contrevient aux Conventions de l’OIT 87 et 98 sur la Liberté syndicale et sur le Droit d’organisation et de négociation collective.
La grève de Kristal-İş, qui concerne 5.800 travailleurs et travailleuses, a débuté le 20 juin dans dix usines de la plus importante entreprise verrière de Turquie, Sisecam.
Le décret litigieux se fonde sur l’article 63 de la loi n° 6356 sur les Syndicats et les Conventions collectives. Cette législation, de fait, interdit la grève puisqu’elle impose un arbitrage obligatoire à l’issue d’une suspension de 60 jours. Le gouvernement utilise cette législation répressive de manière routinière pour réprimer les travailleurs et les empêcher d’exercer leur droit de grève. Il s’agit de la neuvième grève importante réprimée de cette manière depuis l’an 2000. Le gouvernement n’a encore jamais donné de raison pour justifier en quoi les grèves des verriers ainsi suspendues constitueraient un danger pour la santé publique et la sécurité nationale.
Le jour de la promulgation du décret, le 27 juin, le Secrétaire général d’IndustriALL Global Union Jyrki Raina a écrit au Premier Ministre Recep Erdoğan :
Ceci constitue une attaque manifeste contre le droit de grève, un des droits fondamentaux des travailleurs garantis par des conventions ratifiées par le gouvernement turc et la jurisprudence de l’Organisation internationale du Travail.
Le 21 juillet, après le dépôt de la plainte, le Secrétaire général Raina a écrit au directeur général de l’OIT Guy Ryder :
“IndustriALL Global Union soutien pleinement la plainte mentionnée ci-dessus. Nous souhaitons en appeler au Comité de la liberté syndicale et à la Commission d’experts pour l’application des conventions et recommandations.”
Le Comité de la liberté syndicale de l’OIT a par le passé statué en faveur de Kristal-İş lors d’une plainte contre le gouvernement pour abus de cette législation.
Les travailleurs et travailleuses de Kristal-İş Şişecam poursuivent leur mobilisation et entreprennent des actions comme une marche sur le siège de l’entreprise à Istanbul.
Vous pouvez consulter toute l’argumentation et des explications dans le texte de la plainte ici.