30 octobre, 2023La deuxième réunion virtuelle du réseau syndical mondial des semi-conducteurs s’est tenue le 16 octobre dernier. Elle a rassemblé 25 experts et représentants syndicaux de 12 pays, qui se sont penchés sur les défis d’un secteur en pleine mutation.
Les discussions ont porté sur l’évolution du secteur, la taille du marché promettant d’atteindre le chiffre record de 1,9 billion de dollars dans dix ans. La pénurie de semi-conducteurs lors de la pandémie de Covid a mis en évidence les vulnérabilités de la chaîne d’approvisionnement.
La guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine a entraîné une limitation des ventes de puces haut de gamme et des restrictions à l’exportation de métaux essentiels à la fabrication des puces, ce qui risque de provoquer de nouvelles ruptures dans la chaîne d’approvisionnement. L’industrie des semi-conducteurs, bien qu’ayant sa part dans la réduction des émissions de carbone, contribue de manière significative aux émissions de CO2 et autres gaz à effet de serre au stade de la production. Cette production nécessite par ailleurs une grande consommation d’eau et d’énergie. Aussi, on connaît un manque de concepteurs alors que la demande de semi-conducteurs haut de gamme ne cesse de croître.
Aurora Rossi, Conseillère politique auprès d’industriAll Europe, a présenté un exposé sur l’industrie européenne des semi-conducteurs, son rôle essentiel dans divers secteurs et les défis auxquels elle est confrontée. Le Règlement européen sur les semi-conducteurs a été mis en place pour faire passer la part de marché de l’Europe de 9 à au moins 20 % en s’attaquant à la fragmentation des chaînes d’approvisionnement et aux perturbations de l’offre.
Jeroen Merk, du Good Electronics Network, a décrit la croissance rapide du secteur et la concentration des capitaux entre quelques entreprises. Des questions telles que la pénurie de main-d’œuvre, la santé et la sécurité au travail et la résistance à la syndicalisation ont également fait partie de son exposé. Le contexte géopolitique et la lutte de l’industrie pour sécuriser la chaîne d’approvisionnement en semi-conducteurs ont également été soulignés.
En s’appuyant sur l’exemple de la France et de l’Espagne, les participants ont débattu des systèmes de santé et de sécurité dans l’industrie des puces, en soulignant l’importance de protéger les travailleurs et travailleuses contre les produits toxiques et autres risques. Il est nécessaire de renforcer les normes dans les pays riches, ce qui profitera aux travailleurs et travailleuses des pays moins favorisés.
Sur base de l’exemple de la Corée du Sud, l’importance de la reconnaissance et du traitement des maladies professionnelles dans l’industrie des semi-conducteurs et de l’électronique, y compris leur reconnaissance par les autorités et un système de compensation pour les travailleurs et travailleuses affectés, a été soulignée. La difficulté de prouver les problèmes de santé liés au travail et la nécessité d’une sensibilisation et d’une recherche accrues restent problématiques.
Les défis et les efforts liés à la syndicalisation des entreprises de semi-conducteurs en Malaisie, ainsi que les discussions sur la prochaine réforme du droit du travail et l’impact du Règlement européen sur les semi-conducteurs et de la législation américaine équivalente ont également fait l’objet de discussions lors de la réunion.
Les participants souhaitent continuer à débattre des campagnes de syndicalisation, de la santé et de la sécurité, ainsi que du soutien aux travailleurs et travailleuses de l’industrie électronique. La réunion a souligné l’importance de partager les informations et de travailler ensemble à un avenir meilleur pour la main-d’œuvre du secteur des semi-conducteurs.
Alexander Ivanou, Directeur d’IndustriALL pour les TIC, l’électricité et l’électronique, a déclaré :
“Ce réseau évolue. Une meilleure connaissance de l’implantation des entreprises et de la présence syndicale est essentielle dans la mesure où de nouveaux emplois sont créés dans l’industrie des semi-conducteurs. En tant que syndicats, nous pouvons offrir aux travailleurs et travailleuses notre expérience et nos connaissances considérables afin de garantir leur santé et leur sécurité et de protéger leurs droits humains et du travail.”