12 juillet, 2022Les salariés de Saint-Gobain au Mexique ont voté contre la convention collective actuelle, estimant qu’elle avait été négociée par un syndicat favorable aux employeurs, qui prenait des décisions dans le dos des travailleurs et travailleuses et dans l’intérêt de l’entreprise.
Au total, 1.539 travailleurs et travailleuses de l’usine verrière de Saint-Gobain à Cuautla, Morelos, ont voté lors d’un scrutin direct, libre et secret les 5 et 6 juillet. Selon le Centre fédéral de conciliation et d’enregistrement, 700 travailleurs ont voté en faveur de l’accord existant, 814 ont voté contre et 25 bulletins ont été déclarés nuls.
Joaquín Guzmán, Secrétaire général du Syndicat indépendant des travailleurs libres et démocratiques de Saint-Gobain Mexico, s’est félicité de ce résultat. Il a déclaré que le syndicat allait maintenant se concentrer sur l’obtention du droit de représenter les travailleurs dans les négociations en vue d’une nouvelle convention collective qui protégerait les salariés et les aiderait à améliorer leurs conditions de travail ainsi que leurs salaires.
“Nous, les travailleurs et travailleuses, nous sommes exprimés et avons écrit une page d’histoire. Par notre courage, notre bravoure, notre dynamisme et notre détermination, nous avons démontré que si nous sommes unis et mobilisés, nous pouvons apporter de grands changements. Merci à tous ceux qui ont fait preuve de solidarité et qui ont eu confiance en nous. Nous allons maintenant nous efforcer de représenter dignement les travailleurs et travailleuses dans les négociations en vue d’une nouvelle convention collective,”
a communiqué Joaquín Guzmán.
Pendant longtemps, les travailleurs et travailleuses ont été soumis à un contrat de protection de l’employeur signé avec un syndicat qui faisait partie de la CTC, favorable aux employeurs. Cela mettait les salariés dans une situation injuste et créait de mauvaises conditions de travail, car le syndicat négociait dans leur dos et ne représentait pas leurs intérêts.
En vertu de la récente réforme du droit du travail au Mexique, tous les travailleurs et travailleuses ont le droit d’élire leurs dirigeants syndicaux et de choisir le syndicat qui les représentera lors de futures négociations collectives. En outre, toutes les conventions de travail existantes doivent être soumises à un scrutin d’ici au 1er mai 2023.
Dans les jours qui ont précédé le vote, les travailleurs et travailleuses ont déclaré à IndustriALL qu’ils avaient été intimidés et poussés à voter en faveur de l’accord. En réponse, le Secrétaire général d’IndustriALL, Atle Høie, a écrit à Régis Blugeon, Directeur des affaires sociales et des ressources humaines du groupe Saint-Gobain.
Dans cette lettre, il demandait à Blugeon de s’assurer que l’équipe de direction locale se conforme à la réforme du travail promulguée au Mexique et aux conventions de l’OIT sur la liberté syndicale, qu’elle respecte les droits humains des travailleurs et travailleuses ainsi que la procédure de vote en permettant la tenue d’un scrutin libre et équitable.
Après avoir pris connaissance du résultat du vote, Atle Høie a déclaré :
“Les contrats de protection de l’employeur sont une malédiction au Mexique et doivent être abolis. 80.000 contrats sont en attente d’approbation pour l’année à venir. IndustriALL soutiendra tous les efforts visant à garantir que des conventions collectives équitables soient négociées, avec des travailleurs et travailleuses représentés par des syndicats indépendants, comme nous l’avons fait avec Saint- Gobain. Nous félicitons les travailleurs et travailleuses pour leur victoire dans cette première étape de leur lutte.”