13 octobre, 2016Les syndicats français et américains ont uni leurs forces avec IndustriALL et les parlementaires français le 12 octobre, à Paris, pour demander au PDG de Renault-Nissan, Carlos Ghosn, de mettre fin aux pratiques antisyndicales perpétrées à l’usine Nissan à Canton, dans le Mississippi.
Pendant plus de 10 ans, la direction de l’usine Nissan à Canton, dans le Mississippi, a intimidé les travailleurs ayant manifesté un intérêt à s’organiser. Le 12 octobre, les syndicats de France et des Etats-Unis, les travailleurs de l’usine Nissan, les responsables de la société civile et un chœur gospel ont défilé ensemble avec l’acteur américain et militant Danny Glover à travers les rues de Paris jusqu’au bâtiment de l’Assemblée nationale, qui abrite le Parlement français.
Danny Glover a indiqué que Nissan continue de menacer les travailleurs qui cherchent à se syndiquer.
« Les droits des travailleurs sont des droits civils et notre message est simple : trop c’est trop. Nissan doit arrêter d’intimider les travailleurs et les laisser voter pour un syndicat sans s’ingérer dans le processus ».
Le Secrétaire général adjoint d’IndustriALL, Jenny Holdcroft, a déclaré aux manifestants :
« Les droits syndicaux sont fondamentaux et universels. Les travailleurs de l’usine Nissan à Canton, dans le Mississippi, devraient avoir le même droit d’adhérer à un syndicat que les travailleurs en France et au Japon ».
La délégation a été reçue par plusieurs parlementaires qui demandent au PDG de Nissan, Carlos Ghosn, d’examiner de plus près le dialogue social à Canton.
Christian Hutin, membre de l’Assemblée nationale, a expliqué :
« La France est le pays des libertés et des droits de l’Homme, et nous demandons à Carlos Ghosn de prendre des mesures pour renverser la situation à Canton. Les travailleurs ne réclament pas de faire une révolution, ils demandent simplement à être traités équitablement ! ».
Ce printemps, après que Ghosn ait assuré l’Assemblée nationale de sa coopération avec les syndicats où que Nissan exerce des activités et de l’absence de tradition antisyndicale à l’usine située dans le Mississippi, la compagnie a lancé une campagne antisyndicale de grande ampleur, comprenant la diffusion d’une vidéo visant à empêcher par la peur les travailleurs de se syndiquer.
Sanchioni Butler a passé les 12 dernières années à organiser les travailleurs pour le compte du syndicat des ouvriers automobiles UAW avec l’objectif de changer la situation à Canton. Sans accès à l’usine et en raison d’une large propagande antisyndicale menée par la compagnie, elle a rencontré les travailleurs à leur domicile.
« Beaucoup de travailleurs ne savent même pas qu’ils ont le droit d’adhérer à un syndicat. Et ils ont peur étant donné que la direction les a informés de la fermeture de l’usine en cas de formation d’un syndicat.
« Mais je vais continuer. Chaque fois que j’établi le dialogue avec une personne, l’espoir existe toujours ».
Le Bureau National des Relations du Travail (NLRB), une agence du gouvernement américain, a accusé Nissan :
- de menacer, d’empêcher et de contraindre les employés d’exercer leur droit à établir un syndicat,
- de menacer de fermer l’usine si les travailleurs s’organisent,
- de menacer de falsifier les registres du personnel en représailles contre les travailleurs,
- d’avoir instituer de manière illégale une politique de l’entreprise sur le port d’un uniforme qui interdit dans la pratique aux travailleurs de porter des T-shirts favorables aux syndicats.
Nombre des 5 000 travailleurs de l’usine Nissan ont des contrats temporaires et les conditions de sécurité dans l’usine sont une source de préoccupation majeure. Nissan a été condamné à deux amendes aux moins pour violation des règles de sécurité.