21 novembre, 2018Les syndicats rejettent les plans gouvernementaux visant à fermer cinq centrales électriques au charbon et à attribuer les contrats d’énergie renouvelable à des producteurs d’énergie indépendants (PEI), sans qu’un plan pour une Transition juste soit en place. Ils affirment que ceci va mettre près de 100.000 travailleurs et travailleuses au chômage.
Pour appuyer leurs demandes, les adhérents du NUM (Syndicat national des mineurs) et du NUMSA (Syndicat national des métallurgistes d’Afrique du Sud) sont descendus dans les rues de Pretoria ce 17 novembre et se sont rendu en cortège vers les Bâtiments de l’Union, le siège du gouvernement, où ils ont donné lecture d’un recueil de doléances. Cependant, les responsables gouvernementaux qui étaient censés recevoir ce document en mains propres ne se sont pas présentés.
Les centrales au charbon produisent plus de 90% de l’électricité du pays et les syndicats sont conscients du haut degré de pollution engendré. Ils savent aussi que l’Afrique du Sud est signataire de l’Accord de Paris adopté par la COP21, mais ils disent qu’un plan devrait être mis en place en faveur d’une politique de bouquet énergétique qui prolongerait la vie des charbonnages jusqu’en 2030. Ils demandent aussi que le gouvernement introduise un secteur du renouvelable à orientation sociale plutôt que d’attribuer principalement les contrats d’énergie solaire et éolienne à des entreprises et non des communautés. Les syndicats ont été agacés de n’avoir pas été consultés au moment d’attribuer des contrats à 27 PEI.
Irvin Jim, Secrétaire général du NUMSA, indique :
“Nous revendiquons une Transition juste, ce qui permettra que les travailleurs et travailleuses des centrales au charbon, qui pourraient perdre leur emploi lors de la transition des combustibles fossiles vers les énergies renouvelables, reçoivent une formation et soient absorbés par le secteur des énergies renouvelables.”
Les syndicats sont également contre la privatisation de la compagnie énergétique publique Eskom, ce qui, disent-ils, conduirait à de nouvelles pertes d’emplois. Au lieu de cela, ils encouragent le gouvernement à favoriser une meilleure gestion d’Eskom et à mettre un terme à la corruption qui sévit au sein des entreprises étatiques.
David Sipunzi, Secrétaire général du NUM, ajoute :
“Nous appelons le gouvernement à s’abstenir de mordre la main qui nourrit l’État. Faites passer à la trappe l’accord sur l’achat d’électricité qui fait la part belle aux capitaux privés aux dépens d’Eskom.”
Kemal Özkan, Secrétaire général adjoint d’IndustriALL souligne :
“Cette action conjointe entreprise par le NUM et le NUMSA est un exemple important de solidarité et coopération syndicales. IndustriALL Global Union soutient sans réserve les revendications légitimes et raisonnables de ces syndicats et leur apportera tout l’appui possible jusqu’à ce qu’un accord équitable soit atteint.”
L’accord de Transition juste atteint par les syndicats et le gouvernement en Espagne est un modèle pour les syndicats sud-africains. Cet accord comprend des formules équitables de retraite anticipée et des indemnités additionnelles pour les travailleurs et travailleuses atteints d’asbestose. Des mesures ont aussi été prévues par le gouvernement en matière de gestion des déchets, d’installations de recyclage, de stations de traitement des eaux, de purification de l’air et d’infrastructures de développement.