2 juillet, 2021Les affiliés d'IndustriALL Global Union d'Eswatini exhortent le gouvernement à tenir compte des demandes de réformes démocratiques que réclament les mouvements de protestation dans tout le pays.
D'après les chiffres des hôpitaux confirmés par les syndicats, 24 personnes ont été tuées et 150 autres sont hospitalisées pour des blessures par balles après que la police et l'armée aient ouvert le feu sur les manifestants. On craint plusieurs autres morts, qui auraient été enterrés en secret ou brûlés et réduits en cendres par les forces de sécurité.
Plutôt que les brutalités de la police et de l'armée et la coupure de l'Internet par les autorités, les syndicats proposent le dialogue et l'ouverture d'espaces de démocratie dans le royaume.
L'Eswatini est la dernière monarchie absolue d'Afrique. Le roi Mswati III règne depuis 1986 sur le royaume. Sa fortune s'élèverait à 200 millions $ et il est accusé de puiser dans les finances publiques pour mener un train de vie dispendieux pour lui-même et ses quinze épouses. Les partis politiques ont été interdits en 1973 et la constitution limite fortement leurs activités. Les manifestants réclament la mise en place d'un système de gouvernement démocratique.
Les syndicats conseillent aux travailleurs de rester chez eux pour leur sécurité et ils ont demandé aux employeurs de les autoriser à rester absents tant que la situation ne s'améliore pas.
Pour les syndicats, les protestations ont démarré en mai lorsque le gouvernement a repoussé des pétitions demandant des réformes démocratiques consistant notamment en une réduction des pouvoirs de la monarchie et l'élection démocratique du premier ministre. Actuellement, le premier ministre, les ministres et certains députés et sénateurs sont nommés par le roi.
Wander Mkhonza, le secrétaire général des Syndicats unis du Swaziland (ATUSWA), affilié à IndustriALL, a déclaré :
"Nous sommes dans cette situation à cause d'un dirigeant qui a choisi de rester indifférent à toutes nos demandes de démocratisation. Le roi prône le dialogue sur la scène internationale mais fait le contraire dans le pays. Il se cache derrière ceux qu'il envoie négocier avec les voix dissidentes. Le roi doit accepter que son règne absolu a pris fin d'un coup."
"Nous appelons le gouvernement à ouvrir la scène politique et à accepter le dialogue avec ceux qui ont d'autres conceptions politiques. La fédération doit entamer d'urgence une consultation interne en profondeur pour sortir au plus vite de l'impasse actuelle qui s'avère lourde de conséquences pour la paix sociale et, d'une manière générale, la jouissance des droits et libertés individuelles,"
a écrit dans un communiqué le Congrès des syndicats du Swaziland (TUCOSWA), dont les affiliés sont membres.
La secrétaire régionale d'IndustriALL pour l'Afrique subsaharienne, Paule France Ndessomin, a déclaré :
"Nous sommes solidaires des travailleurs et de la population de l'Eswatini et de leurs demandes pour des réformes démocratiques. En tant que syndicats, nous sommes persuadés que le dialogue social et politique est important pour sortir des conflits et nous exhortons le gouvernement de l'Eswatini à promouvoir un dialogue inclusif."
Les affiliés d'IndustriALL d'Eswatini sont l'ATUSWA et le Syndicat des travailleurs de la fourniture d'électricité, sa maintenance et associés du Swaziland (SESMAWU).
Photo: People's Dispatch