9 janvier, 2024La situation actuelle et l'évolution du groupe Saint-Gobain étaient au programme de la réunion de deux jours du réseau syndical mondial à laquelle ont participé 20 délégués syndicaux de 9 pays représentant les travailleurs du groupe. Cette réunion, organisée la Fédération Chimie Énergie de la FCE-CFDT, s'est tenue les 19 et 20 décembre dernier à Paris.
Ce fabricant de miroirs qui a vu le jour il y a plus de 350 pour devenir le groupe Saint-Gobain, a diversifié ses activités et fabrique maintenant des matériaux de construction, des produits à hautes performances et autres matériaux et services. Le groupe est présent dans 75 pays et emploie 168.000 personnes dans quelque 900 sites de production et 2.700 points de vente et salles d'exposition. Depuis 2021, il affiche des résultats commerciaux remarquables, avec des liquidités en abondance et un chiffre de ventes annuel de 51,2 milliards d'euros en 2022.
Le réseau syndical mondial a discuté de la situation actuelle de l'entreprise et de sa position sur le marché. La priorité de la stratégie du groupe semble être d'améliorer la perception des investisseurs, dans le but d'améliorer la valeur du titre en suscitant un regain de confiance chez les actionnaires et les investisseurs. Cette volonté sert en partie les intérêts des salariés, qui composent environ 8 pour cent de son actionnariat. Mais les travailleurs s'inquiètent de ce que des objectifs purement financiers contribuent à affaiblir les droits des travailleurs, en particulier dans les pays à la législation du travail balbutiante.
Les délégués ont analysé les résultats de l'étude annuelle sur l'incidence d'Industrie 4.0 sur les travailleurs dans le monde. Ils révèlent que la plupart constatent un impact négatif se traduisant par la disparition de certains emplois et l'exigence de qualifications accrues. Les syndicats recourent à différentes stratégies pour s'assurer que les intérêts des travailleurs soient pris en compte. Les délégués ont décidé de continuer à suivre la situation et à échanger les meilleures pratiques et les revendications s'y rapportant afin de se seconder mutuellement face à ce défi.
Au cours de la réunion, les délégués syndicaux ont eu l'occasion d'entamer un débat avec le directeur de Saint-Gobain en charge des questions sociales, Régis Blugeon. Ils ont abordé des questions ponctuelles et discuté des possibilités d'un élargissement du dialogue social avec le groupe au niveau international.
Les délégués se sont plus particulièrement intéressés à la situation à Eupen, en Belgique, où l'annonce de la fermeture de Saint-Gobain Innovative Materials Belgium, avec le licenciement de 55 travailleurs, a choqué. La discussion a porté sur l'échec des stratégies de l'entreprise et l'impérieuse nécessité de trouver un repreneur pour le site d'Eupen. Le sort de ces travailleurs est devenu emblématique de problèmes plus vastes au sein du groupe, soulignant la nécessité d'un modèle d'entreprise plus durable et centré sur le salarié.
Alexander Ivanou, le directeur d'IndustriALL en charge du secteur des matériaux, a déclaré :
"Une fois encore, notre réseau nous a permis d'avoir une vision d'ensemble des enjeux qui se posent aux salariés de Saint-Gobain dans le monde et de faire la preuve de notre soutien. Les rapports présentés par les délégués ont montré l'importance du dialogue social mondial en tant que méthode efficace pour traiter les problèmes et les conflits et y apporter des solutions. Sans décrier l'intérêt des échanges occasionnels avec la direction de l'entreprise, nous lui avons toutefois réitéré notre invitation à mettre en place d'urgence un dialogue social institutionnalisé."