18 juin, 2015Les fédérations syndicales internationales IndustriALL et UNI ont dénoncé très fermement les commentaires du ministre bangladeshi des Finances faits cette semaine.
Les syndicats disent que les critiques de M. Abul Maal Abdul Muhith concernant l’Accord sur les mesures de sécurité qui ont trait aux incendies et aux bâtiments au Bangladesh, qu’il décrit comme étant une ‘corde’ au cou de l’industrie de la confection, sont totalement irresponsables.
“Par vos remarques, vous accusez à tort l’Accord de tenter de freiner le progrès au Bangladesh, alors qu’en vérité c’est l’inverse. Comme votre gouvernement le sait parfaitement, l’Accord a eu lieu en réponse à l’effondrement du Rana Plaza, quand il devint évident dans le monde entier, et plus spécialement pour les marques de vêtements, que la sécurité des travailleuses et travailleurs de la confection ne pouvait pas être garantie au Bangladesh.”
Plus de 1.100 personnes ont été tuées et 2.000 autres blessées quand le complexe du Rana Plaza, qui abritait des fabriques et ateliers de vêtements, s’est effondré en avril 2013.
“Dans cette situation, la réponse la plus facile pour les marques aurait été de s’en aller et de rechercher des pays plus sûrs pour leur production. À l’inverse, IndustriALL et UNI ont négocié l’Accord avec plus de 200 marques dont les produits sont fabriqués au Bangladesh, afin de démontrer leur engagement envers l’industrie au Bangladesh en travaillant avec les fabriques et ateliers pour y renforcer la sécurité,” poursuit-on dans la lettre.
L’Accord a effectué des contrôles dans 1.600 fabriques et ateliers de vêtements et fait à chaque fois des recommandations.
“N’oublions pas qu’avant l’Accord, l’autorégulation des marques et les inspections gouvernementales n’avaient pas pu empêcher de se produire le pire accident industriel au Bangladesh,” a dit le secrétaire général de IndustriALL, Jyrki Raina.
“Les remarques du ministre sont inexactes et irresponsables. L’Accord change de manière positive les règles du jeu dans l’industrie de la confection au Bangladesh, et ses commentaires font courir un risque pour la viabilité de cette industrie dans l’avenir,” a dit Philip Jennings, secrétaire général de l’UNI.
Le ministre aurait fait les commentaires lors d’une réunion des associations patronales de l’industrie de la confection. Il a prétendu que la confiance des marques dans l’industrie de la confection au Bangladesh était déjà revenue et que l’Accord devait donc cesser d’exister.
Ceci ne peut pas être plus éloigné de la vérité. Le danger pour l’industrie de la confection au Bangladesh n’est pas passé et les fabriques et ateliers ne sont pas encore sûrs.
Dans leur lettre au ministre, Jyrki Raina et Philip Jennings lui demandent de cesser d’envoyer des messages négatifs aux fabriques et ateliers qui pourraient avoir pour effet de délayer ou de contrecarrer les améliorations essentielles pour la sécurité sur les lieux de production.
IndustriALL et UNI ont également écrit au président de la BGMEA, Atiqul Islam, au sujet de ses commentaires à la même réunion, rapportés ensuite par la presse, selon lesquels il décrivait l’Accord comme étant un ‘gros problème’ pour l’industrie du prêt-à-porter au Bangladesh.
Islam a fait ces remarques dans le cadre des efforts accomplis par l’Accord pour assurer la réintégration du personnel licencié pour avoir signalé son inquiétude concernant des risques de sécurité et d’incendie.
“Il est important que les travailleuses et travailleurs puissent dénoncer les infractions relatives aux règles de sécurité et à leurs droits sans crainte de représailles pour que ne se répète pas ce qui s’est passé au Rana Plaza quand des membres du personnel ont fait part de leur inquiétude, mais ont été forcés de retourner dans le bâtiment,” a dit Raina.
IndustriALL et UNI continueront de soutenir le travail réalisé par l’Accord au Bangladesh jusqu’à ce que la sécurité existe dans les fabriques et ateliers.