19 avril, 2018Quatorze ans après l’adoption des recommandations de la Commission d’enquête de l’OIT en Biélorussie, les syndicats souffrent toujours de l’ingérence de l’Etat dans leurs affaires internes.
IndustriALL Global Union et la Confédération syndicale internationale (CSI) ont organisé une mission conjointe en Biélorussie pour exprimer leur solidarité avec leurs affiliés et rencontrer les représentants du gouvernement. Les membres de la mission se sont réunis avec les représentants des ministères du travail et des affaires étrangères, le 18 avril, auxquels ils ont exprimé leurs préoccupations vis-à-vis des attaques portées contre les syndicats indépendants et de la pression exercée sur les syndicalistes en Biélorussie.
En août 2017, des responsables syndicaux ont été détenus et les bureaux du syndicat indépendant biélorusse des mineurs, des travailleurs de la chimie, des raffineurs, des travailleurs de l’énergie, des transports, de la construction et autres travailleurs (BITU) ainsi que du syndicat des travailleurs de l’industrie biélorusse de la radio et de l’électronique (REP), perquisitionnés. Ces deux organisations sont membres d’IndustriALL Global Union, de la Confédération syndicale internationale (CSI) et de son Conseil régional paneuropéen (CRPE) par le biais du Congrès biélorusse des syndicats démocratiques.
Ihar Komlik, président du syndicat REP de l’organisation de la ville de Minsk et chef comptable du syndicat, a été libéré le 1er octobre après avoir passé deux mois en prison. Les autorités continuent leur enquête criminelle sur une prétendue fraude fiscale de grande envergure liée à l’appui financier reçu de donateurs dans le cadre de la coopération syndicale. Les responsables du REP, Komlik et Gennady Fedynitch, contre qui l’enquête est dirigée, risquent jusqu’à sept ans de prison et la confiscation de leurs biens personnels.
Les membres du REP sont constamment menacés. Au moins 550 membres ont été convoqués pour être interrogés par le Comité d’enquête biélorusse. Les interrogatoires ont porté principalement sur leurs activités syndicales plutôt que sur les questions financières des syndicats. Ni les ordinateurs et autres équipements ni les documents confisqués dans les bureaux des syndicats en août n’ont été restitués.
Les syndicalistes du REP de retour de l’étranger sont arrêtés et fouillés par les douaniers biélorussiens pour contrebande prétendue de marchandises illégales.
Les autorités biélorussienne sapent le travail des syndicats indépendants, qui ont résisté et réussi à s’opposer avec succès au nouveau décret punissant les chômeurs en les obligeant à payer des tarifs plus élevés pour les services subventionnés par l’Etat. Grâce à l’organisation de manifestations massives et au soutien ferme des syndicats indépendants, la première version de ce décret avait été abrogée.
Kemal Özkan, Secrétaire général adjoint d’IndustriALL, a indiqué:
« Nous avons exprimé notre préoccupation à l’égard de la situation actuelle avec les syndicats et vis-à-vis des droits des travailleurs en Biélorussie, et avons offert notre collaboration et notre appui afin de remédier à cette situation.
« La question que nous posons au Gouvernement biélorussien est de savoir si cette étape sera vraiment le commencement d’un long processus vers une amélioration de la situation.
« Cependant, en l’absence d’une réponse valable, la Biélorussie ne deviendra pas un membre respectable de la communauté internationale. Le temps est compté puisque la prochaine session de la Conférence internationale du Travail, où l’affaire biélorussienne pourrait être examinée, se tiendra en juin ».
Parallèlement à la mission, les syndicats en Belgique, en Géorgie, au Kyrgyzstan, en Ukraine et en Suisse ont manifesté devant les ambassades biélorussiennes. Une délégation syndicale a rencontré l’Ambassadeur en poste à Genève, qui a exprimé son désir de progresser vers un système tripartite laissant place au dialogue social.
La délégation syndicale a fait valoir que l’assurance que les syndicalistes ne craignent plus d’être poursuivis pour leurs activités syndicales était une condition préalable au dialogue. A Bruxelles, le chef adjoint de la mission a affirmé que la Biélorussie était en train d’améliorer ses relations avec les partenaires sociaux.
Figuraient parmi les revendications syndicales:
- Mettre un terme à la persécution des syndicats indépendants en Biélorussie,
- S’acquitter des obligations internationales contractées par la Biélorussie, notamment le respect de la Convention n° 87 de l’OIT sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical conformément aux recommandations de la Commission d’enquête,
- Arrêter les interrogatoires massifs des membres de base du REP et autres syndicalistes indépendants, et abandonner l’enquête criminelle contre les leaders syndicaux, Fedynich et Komlik.
Des lettres renfermant les mêmes exigences ont été également envoyées dans de nombreux autres pays.