3 mars, 2022Le 26 février, trois syndicats grecs ont organisé une gigantesque manifestation et un défilé jusqu'au parlement grec, sur la place Syntagma, pour protester contre les licenciements chez Kavala Oil et sur d'autres sites industriels.
La manifestation était organisée par la Fédération panhellénique de l'énergie (FPE), la Fédération panhellénique des travailleurs de la métallurgie (POEM) et la Fédération des travailleurs de l'industrie chimique (OEXBE). La FPE et la POEM sont affiliées à IndustriALL Global Union et à IndustriALL European Trade Union.
Ces syndicats protestaient contre les licenciements de 112 travailleurs chez Kavala Oil, d'autres encore chez LARCO, l'entreprise publique de production de ferronickel, et contre l'utilisation croissante des contrats temporaires chez Kavala Fertilizers.
Kavala Oil exploite l'unique champ pétrolier de Grèce et est la propriété de Energean, cotée à la bourse de Londres. L'entreprise a reçu de l'Union européenne - c’est-à-dire des contribuables - 100 millions d'euros au titre de l'Encadrement temporaire des aides d'État pour la lutte contre le Covid, afin de soutenir et maintenir l'emploi pendant la pandémie. La FPE et son affilié, le Syndicat des travailleurs de Kavala Oil, ont appuyé la proposition de financement de l'entreprise à condition que les droits des travailleurs soient respectés.
Et pourtant, la direction a lancé en avril 2021 un programme de restructuration en licenciant 40 travailleurs et en assignant à 40 autres des contrats temporaires. Elle a aussi annoncé des coupes de 6 millions € dans les salaires et les prestations.
D'autres travailleurs ont encore été licenciés par la suite, portant le total à 122 actuellement.
En 2021, IndustriALL Europe a écrit à la Commission européenne et un eurodéputé grec du groupe de la Gauche a soulevé la question devant le Parlement européen. En décembre, les travailleurs ont occupé l'usine avant d'être délogés par les forces antiémeutes qui ont arrêté 17 d'entre eux le 21 décembre. Aucun chef d'inculpation n'a été retenu et les travailleurs ont été remis en liberté. Le 1er janvier, les travailleurs se sont mis en grève.
IndustriALL Global Union et IndustriALL Europe avaient envoyé ensemble un message de solidarité avant la manifestation.
Dans la matinée précédant la manifestation, les présidents des fédérations et syndicats ont rencontré au parlement grec des députés de la Gauche radicale (SYRIZA), du Parti communiste de Grèce (KKE) et du Mouvement pour le changement de centre-gauche (KINAL). Ils ont discuté des licenciements, du recours aux contrats précaires et des hausses de prix des produits de première nécessité et du gaz, de l'électricité et du pétrole.
Le secrétaire général adjoint d'IndustriALL Kemal Özkan a déclaré :
"Energean a honteusement détourné l'argent des contribuables en licenciant des travailleurs après avoir capté 100 millions € d'aide pour le Covid. Il s'agissait d'un fonds de solidarité constitué pour soutenir l'emploi, pas d'une occasion de faire de l'argent pour des patrons d'entreprises cupides.
"La direction doit entamer un dialogue social digne de ce nom avec notre affilié FPE, le Syndicat des travailleurs de Kabala Oil, mettre fin aux licenciements illicites, réintégrer sur-le-champ les travailleurs licenciés, arrêter de précariser les contrats de travail, et garantir la santé et la sécurité dans les installations pétrolières et gazières."
Photos : fournies par la FPE, le Syndicat des travailleurs de Kabala Oil et Petrol-İş