10 mai, 2018Des salaires qui ne dépassent pas 600 birrs éthiopiens (20 $) par mois restent la hantise des travailleurs du textile et de l'habillement en Éthiopie, composés à 90 pour cent de femmes. Ces salaires ne suffisent pas pour payer le transport, la nourriture, le logement ou subvenir aux besoins d'une famille. Ces gens sont parmi les travailleurs pauvres d'Éthiopie, alors qu'ils confectionnent des vêtements pour de grandes marques européennes, américaines et asiatiques telles que H&M, Tchibo, Tommy Hilfiger et Calvin Klein.
Pour mettre fin à ces salaires de misère, la Fédération industrielle des syndicats de travailleurs du textile, du cuir et de l'habillement (IFTLGWU), affiliée à IndustriALL Global Union, est un des syndicats qui militent pour de meilleurs salaires, pour le droit des travailleurs de s'organiser et de négocier collectivement.
Leur campagne cible les parcs d'activité industrielle créés par le gouvernement, dont celui de Bole Lemi, à Addis-Abeba, où l'entreprise de confection sud-coréenne Shints emploie 4.300 travailleurs, dont 3.800 sont syndiqués. Les autres parcs visés par la campagne sont ceux de Hawassa et Mekele.
Les syndicats voient dans les salaires minimums un point de départ pour inverser la tendance aux bas salaires et demandent qu'ils soient inclus dans la nouvelle législation du travail actuellement à l'étude. Ultérieurement, ils se proposent d'axer leur campagne sur les salaires de survie.
Les syndicats réclament des salaires minimums supérieurs à 3.373 birrs (121 $). Ils pourraient être calculés sur la base du salaire minimum officiel de 1.800 birrs (64 $) ou sur l'indice des prix à la consommation, 2.400 birrs (86 $). Actuellement, les salaires ne dépassent pas en moyenne 50 $.
Des réunions ont eu lieu entre la Confédération des syndicats éthiopiens (CETU) et diverses parties prenantes, dont l'OIT. Il y a aussi eu des entrevues avec le Premier ministre et le ministre du Travail et des Affaires sociales pour discuter des salaires minimums.
La Directrice d'IndustriALL en charge du secteur du textile et de l'habillement, Christina Hajagos-Clausen, qui prendra la parole à un atelier sur la syndicalisation dans la chaîne d'approvisionnement à Addis-Abeba, plus tard dans le mois, déclare :
Nous soutenons les syndicats éthiopiens pour l'instauration de salaires minimums au niveau d'un salaire de survie. Nous voulons aussi que les travailleurs soient payés autant que les autres travailleurs de l'habillement ailleurs dans le monde.
C'est pourquoi nous préconisons des accords-cadres mondiaux dans le secteur, afin que les grandes marques ne puissent plus exploiter une main-d’œuvre bon marché dans les pays en développement. Des salaires de survie peuvent sortir les travailleurs de la pauvreté.