16 décembre, 2021Des centaines de travailleurs et travailleuses ainsi que des membres de communautés concernées ont défilé devant les bureaux d’Eskom à Johannesburg le 11 décembre pour protester contre la privatisation du service public d’électricité qui, selon eux, entraînera des pertes d’emploi pour des dizaines de milliers de travailleurs et travailleuses et rendra l’électricité inabordable pour les communautés pauvres.
Selon les annonces faites par le gouvernement, il est prévu de diviser Eskom en unités de production, de transport et de distribution afin d’améliorer la disponibilité de l’électricité et de mettre fin aux fréquentes coupures de courant causées par la demande croissante et le vieillissement des infrastructures, entre autres facteurs.
Dans le cadre de cette marche, le Syndicat national des mineurs (NUM), affilié à IndustriALL Global Union, a présenté un cahier de revendications à la direction d’Eskom. Celles-ci comprennent l’arrêt du dégroupage, la dissolution du Conseil d’administration d’Eskom et la démission immédiate de la direction. Le syndicat souhaite également que les conditions d’emploi des travailleurs et travailleuses soient rétablies et qu’une augmentation de salaire de 15 % soit accordée. En outre, il revendique l’arrêt de ce qu’il appelle la “fermeture prématurée” des centrales électriques au charbon.
En outre, le NUM souhaite que les accords d’achat d’énergie renouvelable soient revus afin d’inclure Eskom parmi les producteurs d’énergie. Actuellement, la fourniture d’énergie renouvelable est assurée par des producteurs indépendants. Le syndicat dit soutenir une politique de mix énergétique qui protège les emplois, met fin à la pauvreté ainsi qu’un terme au “pillage” des ressources de l’État par la corruption. Le NUM exhorte également Eskom à négocier des conditions de paiement abordables avec les communautés de Soweto, à Johannesburg, dont l’alimentation en électricité a été coupée.
William Mabapa, Secrétaire général ff du NUM, a déclaré que le syndicat s’oppose aux plans visant à transformer la compagnie d’électricité en une entité à but lucratif.
“Le NUM est contre la privatisation des entreprises publiques. Notre gouvernement doit faire passer les intérêts du peuple avant ceux des entreprises privées. Eskom est un service public vital et stratégique pour les besoins de développement de l’économie sud-africaine et l’électricité doit être considérée comme un bien public.”
Paule France Ndessomin, Secrétaire régionale d’IndustriALL pour l’Afrique subsaharienne, a déclaré :
“La sécurité d’emploi et le maintien des avantages sociaux sont des questions cruciales pour nos affiliés, le NUM et le Syndicat national des métallurgistes d’Afrique du Sud, qui sont présents chez Eskom. En outre, les syndicats revendiquent la protection des intérêts communautaires et sociaux dans le cadre de la Transition juste vers des sources d’énergie renouvelables. Pour protéger ces intérêts, nous demandons à la direction d’Eskom de consulter les syndicats et les communautés concernées avant tout changement.”
Un accord signé lors de la COP26 prévoit que les pays riches financent la décarbonation d’Eskom. Cependant, les syndicats craignent que cet accord ne serve de prétexte à la privatisation et revendiquent que les parties s’en tiennent à la Déclaration sur la Transition juste.