2 novembre, 2023Les syndicats d’Afrique subsaharienne ont élaboré des stratégies sur la manière dont la diligence raisonnable en matière de droits de l’homme peut servir de catalyseur pour faire aboutir leurs revendications auprès des entreprises multinationales visant à faire respecter les droits fondamentaux des travailleurs et travailleuses, le travail décent, les salaires décents, la protection de l’environnement et les droits des communautés. Les syndicats se sont réunis à cette fin lors d’une conférence les 19 et 20 octobre derniers à Mombasa, au Kenya.
Les 60 participants, issus de 24 pays, comprenaient des délégués de la centrale syndicale kényane COTU-K, du bureau kényan de la Fondation Friedrich Ebert (FES), d’IG Metall, d’IG BCE, de l’IRMA (Initiative pour une Certification Responsable de l’Exploitation Minière), de la Commission Syndicale Consultative auprès de l’OCDE (TUAC), de Southern Africa Resource Watch et de la Zimbabwe Environmental Law Association. Les organisations syndicales apportant leur soutien et qui étaient représentées étaient la CSC-ACV de Belgique, 3F, International Lawyers Assisting Workers, SASK, Swedish Workplace Programme et Union to Union.
La conférence s’est penchée sur des enjeux complexes et multidimensionnels concernant la diligence raisonnable en matière de droits de l’homme et les chaînes d’approvisionnement en minerais essentiels dans les pays du Sud.
Les conclusions d’une étude sur la Transition juste en République démocratique du Congo, en Afrique du Sud, en Zambie et au Zimbabwe, rédigée par Tom MacNamara, de l’université australienne de La Trobe, à la demande du bureau régional pour l’Afrique subsaharienne, ont également été au centre des débats.
Les participants ont indiqué que les entreprises chinoises violaient le droit du travail dans plusieurs pays africains comme la RDC, le Ghana, l’Ouganda, la Zambie et le Zimbabwe. En réponse à ces préoccupations, un exposé du TUAC a indiqué que l’un des moyens de s’assurer que les multinationales chinoises respectent la diligence raisonnable en matière de droits de l’homme est d’utiliser les Principes directeurs de l’OCDE, car la Chine participe aux activités de l’OCDE en tant qu’observateur.
L’exposé de l’IRMA a souligné que la norme exige que les sites miniers adoptent une approche exhaustive pour identifier, évaluer, prendre en compte et traiter les impacts potentiels sur les droits de l’homme associés à leurs activités.
La conférence a également abordé la manière dont la législation allemande sur le devoir de diligence dans la chaîne d’approvisionnement influencera positivement la promulgation de lois contraignantes sur le devoir de diligence en matière de droits de l’homme en Afrique. Par exemple, le Kenya, l’Ouganda et le Nigeria ont déjà élaboré des plans d’action nationaux sur le devoir de diligence en matière de droits de l’homme. Les débats sur les dimensions de genre de la diligence raisonnable en matière de droits de l’homme ont porté sur la fin de la discrimination, de la violence et du harcèlement dans le monde du travail.
Cette conférence s’inscrivait dans la semaine de réunions organisée par le bureau d’IndustriALL pour l’Afrique sub-saharienne et qui a débuté par une réunion régionale des jeunes le 16 octobre, une réunion des femmes le 17 octobre ainsi qu’une réunion de l’Exécutif régional, le 18 octobre, qui s’est penchée sur la Transition juste et les minéraux de transition critiques.
S’exprimant lors de la réunion de l’Exécutif régional, Francis Atwoli, Secrétaire général de la COTU-K, a déclaré :
“Les syndicats doivent être vigilants et militants dans la défense des droits et des intérêts des travailleurs et travailleuses”.
Rose Omamo, Vice-présidente d’IndustriALL et Secrétaire générale du Syndicat uni des métallurgistes du Kenya (AUKMW), a déclaré :
“Lors du Forum africain sur les entreprises et les droits de l’homme qui s’est tenu en Éthiopie en septembre, le bureau d’IndustriALL pour l’Afrique subsaharienne a revendiqué que les syndicats soient inclus dans les processus de l’Union africaine par le biais du dialogue social et que des clauses relatives au travail soient intégrées, notamment dans le projet de politique sur les entreprises et les droits de l’homme ainsi que dans les protocoles de l’Accord de libre-échange continental africain. Nous espérons que l’UA répondra favorablement à ces revendications”.
Le Secrétaire général adjoint d’IndustriALL, Kemal Özkan, a déclaré :
“En tant que syndicats, nous ne pouvons pas confier à d’autres notre lutte pour exiger le respect des droits des travailleurs et des salaires décents et nous devons continuer à lutter contre les employeurs et les gouvernements pour qu’ils respectent ces droits. Les syndicats doivent continuer à exiger des instruments juridiques contraignants pour protéger les travailleurs et travailleuses contre les violations de leurs droits par les entreprises multinationales et soutenir les campagnes en faveur d’un traité contraignant des Nations unies concernant les entreprises et les droits de l’homme”.