28 avril, 2016IndustriALL Global Union et son affilié, le syndicat ukrainien des travailleurs de l’énergie et de l’industrie nucléaires, ont tenu une réunion du réseau syndical international des travailleurs du nucléaire (INWUN), à Kiev, en Ukraine, pour commémorer le 30e anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl.
Les délégués des syndicats des travailleurs de l’énergie de l’Afrique du Sud, du Canada, de la Corée du Sud, de l’Espagne, de la Grande-Bretagne, de la France, du Japon, de la Suisse et de l’Ukraine ont participé à la réunion des 19 et 20 avril sur les tendances mondiales dans le domaine du nucléaire.
Les discussions ont porté essentiellement sur le dramatique accident survenu, le 26 avril 1986, dans la centrale nucléaire de Tchernobyl, située dans l’ancienne République socialiste soviétique d’Ukraine, ainsi que sur les conditions de travail des personnes toujours en activité à Tchernobyl.
La réunion a été accueillie par les travailleurs de l’énergie et de l’industrie nucléaires de l’Ukraine, Atomprofspilka. Sa présidente, Valeriy Matov, a présidé la réunion et fait un exposé sur la situation des travailleurs 30 ans après la tragédie de Tchernobyl.
Le lendemain de la réunion, les participants ont visité la zone d’exclusion de Tchernobyl.
Environ 6 500 employés de l’Etat travaillent actuellement dans divers bâtiments implantés dans cette zone, et 2 500 autres, dans les installations mêmes de la centrale nucléaire de Tchernobyl.
Maksim Orlov, président du syndicat local du Syndicat ukrainien des travailleurs de l’énergie et de l’industrie nucléaires à la centrale de Tchernobyl, a indiqué que le gouvernement ukrainien a pris, au cours de ces dernières années, la mauvaise décision de diminuer les aides financières publiques allouées à l’entretien de la centrale nucléaire, obligeant le personnel de Tchernobyl à travailler avec un déficit financier de 45 per cent.
Nikolay Teterin, président de l’organisation syndicale unifiée de Tchernobyl et représentant du syndicat ukrainien des travailleurs de l’énergie et de l’industrie nucléaires, a signalé que l’appui financier affecté aux travaux de restauration de la zone d’exclusion de Tchernobyl diminue de jour en jour. Or, dans le même temps, les problèmes de fond relatifs à Tchernobyl n’ont toujours pas été résolus par le gouvernement, qui réduit les prestations allouées aux habitants de la zone.
Teterin a mentionné que des personnes pensent que la zone d’exclusion de Tchernobyl a été totalement décontaminée des radiations suite aux opérations de nettoyage, autorisant ainsi une reprise de l’activité économique, alors que d’autres font part de l’état de santé publique catastrophique, tout particulièrement en ce qui concerne la santé infantile. Selon certaines études, jusqu’à 80 pour cent des enfants âgés de 12 à 17 ans vivant à proximité de la zone d’exclusion de Tchernobyl souffrent de lésions précancéreuses. Selon les chercheurs, il est fort probable que la zone ne soit pas habitée par des personnes de troisième génération. « La vérité est sans doute entre les deux », a conclu Teterin.
Jusqu’à aujourd’hui, l’aide financière a baissé de 30 pour cent, détériorant significativement les conditions de travail et de vie des travailleurs de la centrale nucléaire de Tchernobyl. En outre, le gouvernement a élaboré un projet de décret qui priverait les travailleurs de bénéficier d’une retraite avantageuse. Teterin espère que le nouveau gouvernement ukrainien changera de position à l’égard des problèmes des travailleurs de la zone d’exclusion ; problèmes qui ont été soulevés par le syndicat à de multiples reprises.
Les syndicats ukrainiens demandent à ce que les pouvoirs publics ne diminuent pas les droits, les garanties et les prestations des personnes affectées négativement par la tragédie de Tchernobyl ; résolvent les problèmes des pensions des travailleurs de Tchernobyl et des liquidateurs de l’accident ; allouent une aide financière publique permettant aux personnes victimes de maladies cancéreuses de bénéficier d’un traitement médical adapté ; et construisent des centres anti-cancéreux.
David Shier, président d’INWUN, s’est également exprimé sur les actions et les réalisations d’IndustriALL dans le secteur énergétique, alors que Diana Junquera Curiel, directrice d’IndustriALL pour le secteur énergétique, a fait une présentation sur les évolutions dans le domaine du nucléaire et de l’exploitation de l’uranium au niveau mondial. Une session extraordinaire a également été organisée durant laquelle Denryoku Soren, membre du syndicat japonais de la fédération des travailleurs de l’énergie et des industries connexes, a informé les participants sur l’évolution de la situation dans son pays trois ans après l’accident nucléaire de Fukushima.
Les participants à la réunion ont approuvé à l’unanimité une résolution visant à soutenir les travailleurs du nucléaire en Ukraine.