2 juin, 2016Les représentants des syndicats des travailleurs des mines du monde entier se sont réunis à Leipzig, en Allemagne, du 30 mai au 1er juin pour participer à la Conférence mondiale d’IndustriALL sur les mines et la production des diamants, pierres précieuses, ornements et bijoux (DGOJP). La conférence était accueillie par la Fédération allemande des travailleurs des mines, de la chimie et de l’énergie (IG BCE).
Cent-dix représentants de 50 syndicats provenant de 32 pays répartis sur tous les continents se sont réunis pour participer à la conférence de la Section des mines et de la production des diamants, pierres précieuses, ornements et bijoux (DGOJP). La conférence a porté principalement sur les impacts de la crise mondiale des matières premières sur l’industrie minière.
Prenant la parole à la séance d’ouverture de la conférence, le Secrétaire général adjoint d’IndustriALL, Kemal Özkan, a déclaré :
« La crise financière de 2008 a été suivie d’un boom des matières premières, causé par la demande chinoise, qui a conduit à une expansion irresponsable du secteur minier financée par l’endettement.
« Actuellement, les cours des matières premières s’effondrent et la productivité connaît une crise. Les compagnies minières cherchent désespérément à abaisser les coûts ».
« Dès lors, des milliers d’emplois ont été perdus, le recours à l’externalisation a été accru, les mesures de santé et de sécurité ont été réduites, et les pressions exercées sur l’environnement et les communautés locales ont augmenté.
Nous devons répondre à ces problèmes en établissant un pouvoir syndical qui nous permettra de créer une industrie minière sûre et durable ».
Le directeur d’IndustriALL pour le secteur, Glen Mpufane, a fait une présentation détaillée de l’état de l’industrie, et des priorités que devraient avoir les syndicats.
« L’industrie minière fuit les problèmes qu’elle crée », a-t-il indiqué.
« Une catastrophe environnementale, des communautés brisées. L’industrie minière externalise. Les compagnies minières ont toujours agi de cette façon, mais la crise des matières premières a aggravé la situation. Cette réalité a des conséquences désastreuses sur les travailleurs des mines, l’environnement et les populations locales.
« Nous avons besoin d’une action syndicale mondiale coordonnée pour affronter efficacement ces compagnies minières, et c’est le résultat auquel nous allons parvenir au cours de cette conférence ».
La conférence a comporté une série de tables-rondes, suivies de l’élaboration et de l’adoption d’un plan d’action, et de l’élection des coprésidents.
Au cours d’une réunion-débat sur les effets de la crise des matières premières, Lú Varjão, CNQ-CUT, Brésil, a évoqué l’effondrement du barrage de Bento Rodrigues en novembre 2015. Ce barrage de rétention des résidus de minerai de fer provenant d’une mine appartenant à BHP Billiton et à Vale, a inondé la vallée surplombant la ville de Mariana, tuant 19 personnes et polluant le bassin fluvial. Des décennies seront nécessaires à la restauration de la zone.
Bien qu’elles aient été prévenues depuis des années de la dangerosité des structures des installations de la mine, les compagnies n’ont rien fait.
Le groupe de travail sur la durabilité et le changement climatique a eu des discussions passionnées sur la question de la conciliation de la nécessité de protéger les emplois avec la réalité de la crise climatique.
« Il ne s’agit pas d’opposer les emplois au climat », a déclaré le directeur pour la durabilité, Brian Kohler. « Il s’agit de prendre en compte le climat et les emplois ».
L’affilié allemand d’IG BCE a fait part de son expérience en matière d’abandon du charbon, encadré par la mise en place des mesures de protection sociale ; et les représentants du syndicat ont attiré l’attention sur le fait qu’une Transition équitable doit générer des emplois de qualité.
« Une transition équitable signifie des emplois bien payés, non précaires, que les travailleurs n’ont pas honte d’occuper », a indiqué Andrew Vickers, CFMEU, Australie.
Un accent a également été mis sur la campagne menée pour ratifier la Convention (n° 176) de l’OIT sur la sécurité et la santé dans les mines. Steve Hunt, de Workers’ Uniting North America, a rappelé qu’il avait fait partie du Groupe de travailleurs ayant négocié la convention en 1995. « Je suis choqué par la situation actuelle. Seuls 31 pays ont ratifié la Convention et les mineurs continuent de mourir ».
Le nombre d’emplois précaires a fait un bond, certaines compagnies, notamment BHP Billiton, employant davantage de prestataires extérieurs que de travailleurs directs bénéficiant de contrats à durée indéterminée. « Les compagnies minières deviennent comme les compagnies textiles », a indiqué Armelle Seby, coordinatrice pour les emplois précaires pour IndustriALL. « Certaines marques mondiales externalisent une grande partie de leurs activités ».
La conférence a convenu de la nécessité de constituer un pouvoir syndical, aussi bien en renforçant les syndicats locaux qu’en établissant des réseaux mondiaux.
« Nous devons développer une culture de syndicalisation au sein de nos syndicats », a indiqué le directeur de campagnes, Adam Lee. « Cependant, il est tout aussi important d’accroître le militantisme et la solidarité entre nos membres. Nous ne pouvons pas gagner avec des membres passifs. »
Les représentants ont plaidé en faveur de l’unité dans l’action. Il est essentiel que les syndicats coordonnent leurs campagnes lorsqu’ils ne sont pas les seuls à syndicaliser le secteur.
La conférence a également reconnu l’importance des réseaux mondiaux d’entreprises pour faire face aux capitaux mondiaux ainsi que l’importance de mettre en place des campagnes ciblant les compagnies minières multinationales. Les progrès réalisés grâce à la campagne de Rio Tinto a conduit au lancement d’un réseau syndical mondial au sein de BHP Billiton.
Andrew Vickers, de la Section des mines et de l’énergie du CFMEU, Australie, et Lucineide Varjão Soares (Lú), CNQ-CUT, municipalité brésilienne de Varjão, ont été élus en qualité de coprésidents de la section. La conférence a également adopté à l’unanimité un plan d’action qui comporte une stratégie détaillée ayant pour objectif de transformer l’industrie. Enfin, les délégués ont approuvé à l’unanimité une résolution en solidarité avec les mineurs espagnols après l’annonce récente du Gouvernement espagnol d’arrêter l’aide financière allouée et de fermer les puits d’ici à 2018.
Des manifestations ont eu lieu en marge de la Conférence mondiale. Les syndicats représentants les travailleurs employés par la société BHP Billiton, se sont réunis avant la Conférence, et ont convenu d’accroître le travail en réseau au sein de cette gigantesque compagnie minière multinationale. Le réseau BHP Billiton se réunira plus tard dans l’année. De même, en vertu de la résolution adoptée à la conférence, les représentants des syndicats du sous-secteur de la production des diamants, pierres précieuses, ornements et bijoux (DGOJP), se sont réunis après la Conférence et ont décidé d’intensifier les activités d’IndustriALL pour la période à venir sur la base d’un plan d’action concret.
« Nos affiliés du secteur minier ont, à nouveau, montré leur ferme volonté de développer la solidarité internationale », a déclaré Kemal Özkan.
« IndustriALL Global Union continuera à défendre et à faire progresser les droits et les intérêts des mineurs à travers le monde ».