28 mars, 2024Le 21 mars, plus d'un millier des travailleurs ont défilé dans les rues de Lusaka, en Zambie, pour réclamer l'annulation de la dette souveraine et la fin des flux financiers illicites.
Cette marche s'inscrivait dans le cadre des activités de la 14ème édition de la New Year School de la CSI-Afrique, qui a rassemblé plus de 200 participants de 31 pays. Les revendications contenues dans la pétition - qui a été remise à la ministre zambienne du travail et de la sécurité sociale, Brenda Tambatamba - reprennent des appels aux gouvernements africains pour qu'ils appliquent des politiques de gestion de la dette favorables aux travailleurs, promouvant l'égalité de genre et qui soient durables. Ces politiques devraient aussi inciter à une mobilisation progressive des ressources intérieures et à des politiques fiscales sensibles au genre.
Au nombre des participants figuraient des affiliés d'IndustriALL de plusieurs pays d'Afrique et le bureau régional d'IndustriALL pour l'Afrique subsaharienne, réunis du 19 au 22 mars sur le thème Promouvoir l'agenda pour la transformation de l'Afrique - mobiliser en vue d'une action collective syndicale tangible.
Le dialogue promu par la New Year School porte sur le renforcement de l'organisation et la coopération intersyndicale, l'élaboration de stratégies pour lutter contre les flux financiers illicites, la promotion de la protection sociale, l'optimisation de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), pour l'industrialisation de l'Afrique, la fabrication locale, la création d'emplois décents et le perfectionnement des compétences, l'organisation de campagnes pour une Transition juste vers les énergies renouvelables et les emplois verts, l'intégration de la dimension de genre, et la formation au leadership syndical en matière de dette souveraine et d'annulation de la dette.
Les autres débats ont porté sur le marché du travail en Afrique, l'organisation, l'innovation et la collaboration, ainsi que sur l'insécurité et les coups d'État en Afrique, de même que sur les menaces pour les droits humains et des travailleurs et la gouvernance démocratique.
À 1,8 trillion $, la dette souveraine constitue près de 23 pour cent du produit intérieur brut (PIB) cumulé du continent; elle est insoutenable et hors de proportion avec ses priorités de développement, selon la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED).
La CSI-Afrique fait partie de la campagne Stop The Bleed qui a pour but de mettre fin aux flux financiers illicites que sont la fuite illégale de capitaux, l'évitement fiscal et l'évasion fiscale, les surfacturations des échanges, la corruption, le blanchiment d'argent et autres activités criminelles. Cette campagne est menée en collaboration avec des organisations de la société civile.
Selon la CNUCED, les flux financiers illicites seraient de l'ordre de plus de 88 milliards $ par an et priveraient les pays africains de ressources dont ils ont cruellement besoin pour mettre fin à la pauvreté et promouvoir l'industrialisation.
La CSI-Afrique et IndustriALL collaborent dans la campagne pour l'industrialisation de l'Afrique et dans l'engagement syndical auprès de la ZLECAf.
Martha Molema, la présidente de la CSI-Afrique, a déclaré :
"Le lourd fardeau de la dette nationale, les déficiences de l'architecture financière mondiale et la crise climatique qui se profile sont des raisons pour lesquelles la dette devrait être annulée."
Rose Omamo, la vice-présidente de la CSI-Afrique et vice-présidente d'IndustriALL, a jouté :
"Il faut annuler la dette de l'Afrique pour qu'on arrête de saigner les économies africaines. Avec ses ressources minérales, l'Afrique devrait être le continent le plus riche du monde. Or, à cause des flux financiers illicites, elle est incapable d'utiliser des ressources minérales pour son développement. Cela explique pourquoi les organisations syndicales font campagne pour l'annulation de la dette et pour la fin des flux financiers illicites."