26 juillet, 2018Des syndicats du secteur de l'énergie de 50 pays se sont unis pour réclamer une transition juste qui protège les droits et les niveaux de vie des travailleurs alors que l'industrie de l'énergie traverse une phase de grands bouleversements.
Plus de 20 représentants de 70 organisations syndicales étaient réunis à Saint-Pétersbourg, en Russie, les 25 et 26 juillet pour la conférence mondiale du secteur d'IndustriALL Global Union, qui se tenait sur le thème "Renforcer la puissance syndicale dans les industries de l'énergie".
Dans le secteur de l'énergie, les politiques et structures de l'énergie nationales changent à un rythme accéléré afin de réagir au changement climatique, de satisfaire aux quotas d'émission et de s'adapter aux nouvelles technologies qui exigent des compétences totalement nouvelles des travailleurs de l'énergie. Cette évolution s'inscrit dans un contexte de hausse de la demande d'énergie, de privatisation et de progression du travail précaire dans le secteur.
Dans ce contexte d'emploi industriel durable, une transition juste s'impose pour que les changements que traverse le secteur se fassent avec équité et justice pour les travailleurs, leurs familles et la collectivité.
Alexander Korchagin, le Président du Syndicat russe des travailleurs du pétrole, du gaz et de la construction qui accueillait la conférence, a expliqué que, durant cette phase critique que traverse l'industrie de l'énergie, les syndicats sont la meilleure forme de protection des intérêts des travailleurs.
S'adressant aux participants, le Secrétaire général d'IndustriALL Valter Sanches a expliqué que l'énergie est un droit élémentaire mais qu'avec la privatisation, les multinationales ont commercialisé l'énergie et créé des monopoles.
“S'agissant de l'électricité, le modèle le plus répandu est géré par des entreprises privées régies par des normes publiques insuffisantes,” a déclaré Valter Sanches. “Les multinationales sont très puissantes et les gouvernements craignent de s'y frotter.”
Pendant la conférence, les débats ont mis en lumière le problème croissant du travail précaire, qui touche tous les pays mais en frappe certains plus particulièrement, comme le Nigeria où la quasi totalité des ouvriers de production ont des contrats indirects. D'autre pays, comme la Côte d'Ivoire, font état d'écarts importants dans les rémunérations, les conditions de travail et les prestations des travailleurs permanents et contractuels. Il faut que les syndicats redoublent d'efforts pour organiser les travailleurs précaires et les englober dans les conventions collectives chaque fois que c'est possible ont déclaré les participants.
L'intensification de la coopération à travers les réseaux syndicaux a été qualifiée d'essentielle pour renforcer la puissance syndicale par le biais du soutien solidaire et l'échange d'informations entre syndicats par-delà les frontières. En Amérique latine, le réseau de l'énergie a largement contribué à la création de nouveaux syndicats dans le secteur.
Les participants ont discuté des campagnes d'IndustriALL dans le secteur, notamment chez Shell qui tente de dresser les travailleurs les uns contre les autres dans différentes régions et refuse de négocier avec IndustriALL à l'échelon mondial. Ils ont également noté les graves violations des droits syndicaux commises en Algérie, ainsi que la campagne en cours pour faire respecter les droits des travailleurs de DNO au Yémen.
Lors d'une discussion animée sur le concept Industrie 4.0, l'éducation et la formation - payées par l'entreprise - ont été qualifiées de vitales pour les travailleurs. Les syndicats doivent participer au processus décisionnel lorsqu'il s'agit de la transformation technologique de la production énergétique.
Les participants ont approuvé un nouveau plan d'action pour le secteur qui consistera à identifier des stratégies pour l'instauration d'une transition juste, le renforcement de la puissance syndicale, l'élimination du travail précaire, une participation et une représentation accrues des femmes, l'amélioration de la santé et la sécurité, la résistance au capitalisme mondial et une politique industrielle durable.
Les participants à la conférence ont aussi présenté leurs plus sincères condoléances aux travailleurs grecs et à la population pour les nombreuses victimes des incendies de forêts, ainsi qu'aux communautés frappées par la rupture d'un barrage pendant la construction d'une usine hydroélectrique au Laos.
Ils ont aussi adopté des déclarations de solidarité avec les travailleurs en lutte chez ExxonMobil en Australie, au National Grid aux États-Unis et chez Total au Royaume-Uni.
Frode Alfheim, de Industri Energi (Norvège), et Apsorn Krissanasmit, de PTT LU (Thaïlande), ont été réélus en tant que co-Présidents de la section de l'Energie d'IndustriALL. Gwenne Farrell, de MOVE-UP (Canada), a été élue à la vice-co-Présidence de la section de l'Energie, tandis que Valeriy Matov, d'Atomprofspika (Ukraine), a été élu à la vice-co-Présidence de la section du Nucléaire.
Le Secrétaire général d'IndustriALL, Valter Sanches, a déclaré :
“Le secteur de l'énergie connaît les mêmes problèmes que d'autres, comme les violations des droits, les menées antisyndicales et le travail précaire. La particularité de ce secteur réside dans la transition énergétique. Nous devons renforcer la puissance syndicale pour pouvoir être admis à la négociation avec les gouvernements et les entreprises afin d'imposer des politiques industrielles nationales durables qui garantissent une transition juste.”